A voix haute
Concours d'éloquence en Seine Saint-Denis
Par Christina Bejani
Le projet est louable, donner voix au chapitre à ceux que l’on fait taire si souvent et pire à qui on fait dire des choses sans même les entendre.
Ils sont étudiants de Paris 8, dans le 93, en sociologie, en théâtre, en lettres modernes. Quels que soient leur origine, leur histoire ou leur lieu d’habitation, la parole est au cœur de leur parcours et de leurs espoirs.
Lorsque Bertrand Perrier, avocat à la Cour de Paris, leur propose une tribune à travers le Concours Eloquentia qui couronnera un étudiant du 93 comme le grand orateur de l’année, ils ne peuvent décliner.
« La parole est une arme », « un combat », cette fois-ci ils sont venus le remporter.
Certes cet exercice de style bien connu des élèves du barreau est également coutumier des grandes écoles où il se dispense au travers de joutes oratoires sur des sujets divers, mais dans cette France que l’on dit parfois « ghettoïsée », ce tournoi prend tout son sens, et quel sens !
Ils ne laisseront aucune miette à leurs détracteurs, ces nouveaux gladiateurs du verbe, animés qui du fond, qui de l’esprit, ils manient le mot comme le sabre le plus tranchant, à même de faire tourner les têtes vers eux, portés par le regard bienveillant de l’admiration d’un public trié sur le volet : Edouard Baer, Leïla Bekhti, leurs professeurs, tous sont venus assister à l’éclosion d’eux-mêmes et au vrai spectacle républicain : celui qui met la langue comme le trait d’union sinéquanone entre ces mots qui ont sonné parfois comme une promesse déçue : liberté, égalité, fraternité.