Pendant le Covid 4
Par Pascal Aubier
Comme ça n’en fini pas, comme plus rien ne bouge, comme le confinement engendre l’inertie et celle-ci la paresse au point que, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, on ne passe pas son temps au téléphone pour parler avec ses amis, ses familiers eux aussi confinés. On est enfermé. On regarde son amour confiné heureusement elle aussi sous le même toit, avec tendresse et parfois même avec une haine mortelle, insoupçonnée… J’ai failli y passer plusieurs fois. Elle aussi. Heureusement l’amour est le plus fort. Et les films apaisent.
Hier on a revu sur notre poste de grande taille (pensions-nous), 2001, l’Odyssée de l’Espace, le film de Kubrick qui nous avait bouleversé en Cinérama dans les années 60.
Bon, notre grande télé a tout de même beaucoup amoindri l’intérêt de ce fameux film. Et puis en 2020, avec toutes les merdes qu’on connaît, 2001 ne plus trop Science Fiction même si Ben Laden et ses copains Islamo-hystériques, ont choisi cette année là pour planter les tours Newyorkaises. Aussi l’histoire de l’Ordinateur Hal et de l’espèce humaine nous laisse songeurs devant nos ordis portables-maison. Ce qui est intéressant somme toute c’est précisément ce décalage entre la projection de l’imaginaire de nos vingt ans et la réalité vécue aujourd’hui même. Epatant ce Kubrick et d’ici que l’on puisse revoir son film en Cinérama… Certains d’entre vous, amis de Saisons de Culture, ne savent même pas ce qu’était le Cinérama. Un truc fabuleux. On avait déjà le Cinémascope depuis les années 50 et d’un coup, avec Rama l’écran se multipliait par 10 avec un son ahurissant. Alors le Kubrick était passé d’autant mieux avec son cortège de vaisseaux spatiaux, d’effets spéciaux psychédéliques et de réflexion sur l’intelligence artificielle et son rapport avec l’humain. Je sais, je me répète mais vous devriez tout de même voir ou revoir le film.
Et Le Grand Couteau (The Big Knife) de Robert Aldrich, vous vous souvenez ? Un film qui a beaucoup influencé ceux qui allaient donner la Nouvelle Vague comme la nommait Françoise Giroux sans demander son avis à personne. On y rencontre Jack Palance que l’on retrouvera dans Le Mépris de Godard et pas par hasard. Et aussi, et non des moindres, Rod Steiger, Shelley Winters et Ida Lupino. Un grand pamphlet contre les Studios d’Hollywood d’après la pièce de Clifford Odets à l’époque ou les scénaristes étaient de gauche et pourchassés par les chasseurs de Sorcières de Joseph McCarthy et de sa Commission des activités antiaméricaines. Vous vous souvenez ? Enfin, le film est à la fois édifiant et formidablement joué par des acteurs eux aussi engagés. Ceux de gauche parmi vous comprendront. Ceux de droite s’énerveront. Ceux qui ne savent pas leur droite de leur gauche se démerderont pour voir le film et adoreront s’ils ne sont pas totalement cons. Pardon… Nous à la maison on a adoré et ma fiancée m’a même embrassé. Génial.
Pour ne pas sortir trop tôt du film noir, nous avons découvert ensemble Les Sept Voleurs (Seven Thieves) de Henry Hathaway. J’étais très heureux de ne l’avoir jamais vu, de découvrir l’histoire très astucieuse, palpitante comme me disait Madame Morin dans les petites classes. Et alors le casting ! On est servi : autour de notre Edward G. Robinson préféré on a droit à Rod Steiger (encore et heureusement), Eli Wallach, un autre de mes acteurs préférés depuis Baby Doll, (qu’on va essayer de se dégotter en DVD) et la ravissante anglaise Joan Collins qui danse aussi bien qu’elle joue. Rien que pour ce monde là, le film vaut le déplacement. De plus, si vous avez vu Mélodie en Sous Sol de Henri Verneuil avec Gabin et Delon, tout de même, vous comprendrez que ce n’est qu’une pâle esquisse du casse de nos Sept Voleurs. « Casser » un Casino, embarquer quatre milliards et tout remettre en place comme si de rien n’était parce qu’on a compris que les billets sont filés par la banque de France, mettre sa dernière brique sur le 17 de la roulette et rafler la grosse mise pour se barrer avec la danseuse, c’est vraiment agréable. Pour le film, Joan Collins prit des cours de strip tease, mais l’essentiel de sa prestation est coupé par la censure. On pourra voir la version intégrale en Afrique du Nord et dans certains ports de l’Asie du Sud Est. Difficilement trouvable en DVD, malheureusement.
Ce soir on en reviendra aux films Européens. Bonsoir.
Rectificatif : Je me suis planté dans mon dernier article sur Tant qu’il y aura des Hommes, pardon. Ce n’est pas la fille de Deborah Kerr qui a tué l’amant de sa mère mais celle de Lana Turner…C’était Le 4 avril 1958, Cheryl Crane tuait Johnny Stompanato, l’amant de sa mère Lana Turner, pour la défendre car c’était un gangster très méchant. Erratum est. On peut -être très con parfois. Remarquez tout de même la presque phononymie des noms de nos stars : Deborah Kerr et Lana Turner. Ma mémoire me fait souvent défaut dans de pareils cas.