Lettres

« Sœurs de sable » : le dernier opus de Stéphane Héaume

Par Cybèle Air

Ouvrir un livre de Stéphane Héaume, c’est renouer avec le mystère, c’est aimer flotter dans un monde scellé. Les clés se cachent elles aussi, dans la fugacité du temps, et des sensations. Jaune, Rose, Vert. Et la lune rouge, la mer ourlée de bleu. L’écho, le bruit du vent, la musique des mots et des images scandent la lecture : la lune rouge, celle du Salomé d’Oscar Wilde et de Richard Strauss ? Car il s’agit de crime, et de sensualité dans Sœurs de sable. « Le mystère de l’amour est plus grand que le mystère de la mort » chante Salomé à la toute fin de l’opéra. Le livre ne s’ouvre-t-il pas dans la nuit, sur une barque, vers ce qui ressemble à L’Île des Morts du peintre Böcklin ?

L’architecture a toujours une part prégnante dans les romans et nouvelles de l’écrivain, celle du texte, et celle des lieux. Dans la montagne avec Le Fou de Printzberg, dans les vignes avec Le Clos Lothar, son premier roman, il nous enlève vers des espaces qui nous ravissent dans les plis des pages. Stéphane Héaume sait à merveille tisser les résonances de l’écriture, de la musique et de la peinture. Et nous ne dirons rien de la robe de chambre rouge écarlate du Docteur Pozzi _ magnifique portrait en pied, par l’artiste américain Sargent. Car il faut lire le dernier opus de Stéphane Héaume pour planer au-dessus de l’ensablement des temps : au menu, La  Langouste et le Rayon Vert. Mystère.

Stéphane  HÉAUME, Sœurs de sable, Rivages, 2021.

Stéphane Héaume est l’auteur de plusieurs romans, dont Le Clos Lothar (Zulma, 2002, prix du jury Jean-Giono et prix Emmanuel-Roblès) et Sheridan Square (Seuil, 2012, prix de la Ville de Deauville).