Sonate atlantique
Par Sandrine Lefevre
À l’aube, éveillée par la clarté dans ma chambre, j’avance vers vous.
Ô Sphinx !
Chauffé par le soleil,
Dévoré par la pluie,
Caressé par la sable,
Vous portez les nuages sur votre dos tranquille et patient.
Figé, posé sur le sol, à l’arrêt, vous resplendissez du souffle des pulsations d’aimer.
Mes mains effleurent lentement votre puissante douceur. Vos traits rassurants et sculptés étoffent avec élégance tous les étés d’estampes et de beauté.
Quel privilège de vous connaître ! Vous retrouver exige un rituel, une cérémonie de mots de passe et de partitions à décrypter.
J’écoute le silence du temps, je regarde la nuit s’éclaircir des lumières en vague à l’âme de pointillés.
Les Roches Noires renferment des histoires de rivages, de bords de mer et de cigarettes emportées par l’étreinte du vent.
Bâtisse-refuge des êtres traversés de mots et de peines, les fenêtres, les portails, les grilles s’ouvrent par-delà le rythme des siècles effacés.
Les parterres vous accompagnent, éblouis par votre présence, à l’abri du monde.
Imposant, triomphant, royal, vous gardez avec panache les songes des hôtes aux larges promesses.
Les saisons buissonnières somptueusement prennent place dans le cœur de l’édifice.
Sur la côte, des femmes marchent. Elles viennent vous confier un secret dont vous seul connaissez déjà la grandeur et le portrait.
Devant vous, rayonne le souvenir des époques lointaines. Et le présent trace des lettres en grands caractères aux désirs plus vastes que vous encore.
Votre royaume laisse apparaitre une liberté de tons, de nuances aux couleurs de l’Eden.
Chaque pierre détient la vaste empreinte d’ombres furtives ou constantes.
Et soudainement, vous devenez vivant, en mouvement.
Face à l’amère posture statufiée, l’océan virevoltant vous appelle.
S’inverse alors votre cap, le large vous entraîne. Changement de décor à l’ombre des baies vitrées.
Vous courez vers la plage aux traces d’étoiles funambules.
À grands pas, l’horizon du jour esquisse un avenir émeraude.
Les Perséides, pour l’éternité, vous offrent la contemplation souveraine de l’immensité
Crédit Photo Véronique Sablery
Ó SandrineLit EtRature / Facebook