Portraits

Alain Vagh – Weinmann, l’alchimiste

Par Mylène Vignon

Alain Vagh n’est pas devenu cet artiste peintre atypique et ce «céramiste fou» par hasard. Il est le digne descendant d’une lignée de peintres, dont la notoriété est depuis longtemps avérée. Il faut croire que le talent s’hérite !!

 

Écoutons son histoire 

 

Alain Vagh-Weinmann est né à Toulouse d’une mère française et d’un père hongrois dans une vraie famille-tribu venue tout droit de l’est européen.

Nés en Hongrie, son grand père et ses oncles sont diplômés des Beaux-Arts de Budapest, et ont tous  quitté le pays en 1936. Les trois frères se sont convertis au catholicisme pendant la guerre, aidés par le cardinal Saliège à Toulouse. Cet homme exceptionnel sauva la vie de très nombreux juifs.

Maurice, Le grand père d’Alain est peintre, ainsi que ses deux frères Elemer et Nandor, rejoints dans cette discipline par leurs descendants ; Tim et André enfants de Maurice, Albert fils d’Elemer et Emeric fils de Nandor. Ce dernier, proche de la famille Kennedy, a fréquenté à l’époque la Maison Blanche.

Leurs œuvres aujourd’hui sont dispersées dans les musées.

Alain surveille assidûment, avec ses frères, dont l’aîné Jean-Pierre est un grand érudit, les ventes aux enchères de Drouot et d’autres maisons de ventes, afin de ne pas manquer une œuvre de la dynastie Vagh-Weinmann.

Cette famille d’artistes de l’école de Paris, s’inscrira plus tard dans la mouvance d’Utrillo et à peint pas moins de 8000 tableaux. Nandor totalement polyglotte est devenu à l’époque, peintre officiel du pape Jean XXIII.

Alain Vagh s’est par ailleurs, initié à la peinture tardivement, après avoir étudié pour seule académie,  la fréquentation de sa famille tribu, pour lesquels et avec bonheur, enfant  il essuyait les pinceaux.

Son grand-père et sa tribu ont vécu une année entiére à l’hôtel Royal Monceau, invités par le directeur de l’époque lors d’une grande exposition à Paris proposée par la prestigieuse galerie Bernheim-Jeune.

Comme souvenir d’enfant de cette période parisienne, le petit Alain se voit aller au kiosque à journaux pour y acheter ses Mickey en disant comme les adultes : madame mettez sur mon compte…

Plus tard, devenu un peintre très honorable, Il se spécialise dans les jambes de femmes dont il explore de manière obsessionnelle le creux poplité, situé à arrière de genou.

 

Mais replongeons dans son histoire !

 

La céramique a fait irruption dans sa vie aux Milles, près d’Aix-en-Provence. Élève au lycée Mignet, le même que Zola et Cézanne, il se lie d’amitié avec Mirabelle Jouve, qui l’initie à l’univers artistique de son père. À 14 ans, il acquiert sa première œuvre de Georges Jouve, marquant ainsi le début de sa collection personnelle. Dès cet instant, sa passion pour la céramique s’est éveillée et ne l’a plus jamais quitté.

Très jeune, il ouvre sa boite de nuit la Grange aux loups où il fait la connaissance de Jacotte, cette adorable jeune fille qui deviendra rapidement sa femme et sa muse.

Dans les années soixante-dix, Alain et Jacotte reprennent une ancienne fabrique familiale de tomettes à Salernes. Grâce à l’innovation et à la créativité débordante d’Alain, l’entreprise se modernise avec d’autres formes de tomettes, des couleurs audacieuses et des desing grands formats en lave émaillée. Cette transformation lui vaut le label d’Entreprise du Patrimoine Vivant.

Alain y a côtoyé entre autres, Max Ernst qui vivait alors à Seillans, ainsi que César, avec lequel il a travaillé.

Le « Terrain Vagh » fut d’abord un show room ayant vocation à présenter les produits fabriqués à l’atelier de Salernes. Située en plein quartier latin à Paris et à quelques mètres de l’Institut du Monde Arabe, la galerie Terrain Vagh existe depuis juin 2018, dirigée avec maestria par Moufida Atig.

 

 

La genèse

 

Tout a commencé par une péniche carrelée. Les tristes poteaux de l’EDF ont été recouverts de céramique rose :  Les poteaux roses, érections, ou les Sept péchés capitaux, ont été immédiatement suivis par d’autres objets détournés de leur sobriété et ainsi transformés en œuvres d’art. Fauteuil, voitures, bicyclette, guitare, pianos, avion de chasse… aujourd’hui, en 2024, c’est un âne en taille réelle, qui est le sujet abordé.

La dynastie Vagh-Weinmann se poursuit avec sa fille Vanessa, excellente plasticienne, céramiste, créatrice entre autres des lustres magiques, et son fils Victor, musicien qui se distingue au piano.

Atavisme !

La galerie Terrain Vagh de Paris s’enrichit d’une deuxième du nom à Salernes, mais ceci est une autre histoire et nous y reviendrons très prochainement.