Regards

Anna Sand – un bout de monde

Par Laurent Bellin

Flaine : ce nom rappelle peut-être des souvenirs à certains d’entre vous. Cette station de ski dédiée aux arts à 1600 mètres d’altitude a fait couler beaucoup d’encre quand la famille Boissonnas l’a créé dans les années 60. En s’y promenant aujourd’hui, on y croise encore des statues de Picasso, Vasarely, Dubuffet ou encore Nesjar. Des toiles d’Hantaï ou de Piffaretti trônent dans le lieu de culte, une fontaine de Pol Bury dans l’auditorium.

C’est dans ce contexte que je découvre l’installation de l’artiste Anna Sand. Exposée au centre culturel de Flaine sous la direction de Gilbert Coquard, cette installation appelle au voyage, le voyage de ses souvenirs.

A l’entrée du centre culturel, un train électrique surmonté d’une caméra projette une image mouvante sur les murs. Anna Sand propose ensuite de parcourir ses souvenirs, faisant échos aux nôtres. Des textes intimistes nous présentent l’artiste. Un échange épistolaire entre Sand et Wolfy nous interpelle. L’alliance anachronique de ces deux noms est rythmée par une mélodie, composition pour bol tibétain du Wolfy en question. Une allusion à l’informatique dans cet univers finit de bouleverser nos repères temporels. Vers la sortie, formes, miroirs et visuels terminent de nous transporter dans un univers étrangement proche de notre imaginaire.

En sortant de cette installation, une phrase de Valery m’est venu à l’esprit : « Il dépend de celui qui passe – que je sois tombe ou trésor ». L’avantage de Flaine est que l’on peut continuer notre réflexion face à la montagne. Quoi de plus magique que de penser à nos racines et nos origines, face à un paysage qui nous rappelle l’étendue de notre vaste monde ?

L’appel à réflexion d’Anna Sand a l’intérêt de perdurer en dehors de son installation. Ne pas oublier d’où l’on vient, nous rappelle qui l’on est aujourd’hui.