Anouk Albertini Sculpteur de l’équilibre
C’est sans doute parce qu’elle regarde beaucoup les autres et qu’elle est généreuse qu’Anouk ALBERTINI construit, assemble et polit des blocs de pierre ou de résine, jusqu’à se perdre dans cette quête d’équilibre qui nourrit son art, sa nécessité.
Bientôt vingt ans, qu’elle dessine des formes pour y trouver de nouveaux emboîtements. Au départ, elle produit de petites maquettes en terre cuite. Puis, c’est l’aléa qui au final impose le rythme.
Lorsqu’elle estime le travail « honnête », elle s’attaque au lapidaire. La trace de l’empreinte sur la pierre, l’enchante. Le silence, la sérénité du blanc, mêlé au choc frontal du gris, l’oblige à travailler la matière entre ombre et lumière.
Le geste qui conduit à adoucir la pierre rude et tendue, est celui du poète. Même la poussière de l’atelier s’invite en une constellation de précieuses particules.
D’Henry MOORE, elle retient la puissance et emprunte à Maurzio TOFFOLETTI la douceur acerbe et inattendue de la ciselure en quadrillage. La main possède une mémoire et c’est le meilleur média que peut trouver un sculpteur pour rendre hommage à ses pairs !
On aime à s’interroger sur le mystère de l’émaillage mi- mat, mi- brillant, de ce couple en terre cuite, que l’artiste caresse d’un geste intemporel. Chez elle, l’architecture est héritage. Souvent dans un rêve récurant elle se voyait taper la matière.
Elle mène un combat titanesque afin se faire accepter dans le cercle très fermé du compagnonnage. Mais je nourris la certitude que sa belle personnalité lui permettra d’obtenir gain de cause. Qu’elle aborde la technique de la pierre calcaire, du bronze ou de la résine, Anouk laisse à son travail le pouvoir de la décision.
Mylène Vignon
Bibliographie : Revue des Décorés des Arts et des Lettres