Bernadette Lafont
Par Pascal Aubier
Bernadette Lafont est morte cet été. Je ne vais pas dire ici mon amitié, ma tendresse, mon admiration et ma reconnaissance. Ces choses-là sont gardées dans le cœur et dans la mémoire toujours vive, on n’est pas là pour en parler. Bernadette était une actrice merveilleuse et belle comme on n’a pas le droit. Elle est enterrée là-bas dans les Cévennes dans sa maison, dans sa famille comme on savait le faire autrefois avant les parkings mortuaires.
Il faisait beau le jour où j’ai pu aller voir sa tombe, petit tas de terre et de fleurs. C’est vrai, je l’ai beaucoup aimée. Et je pense ici à tous ceux qui l’ont aimée aussi, sa famille, ses proches et les amoureux du cinéma. Bernadette était le cinéma. Et sa truculence unique va nous manquer diablement désormais. Je me souviens de ce jour de septembre 1964 quand je l’ai rencontrée en chair et en os la première fois. Un café à Saint Germain des Prés. Un regard à tomber amoureux sans le faire exprès, un sourire presque timide et une tasse de café.
Quand la beauté meurt, on meurt soi même un peu.
Quand la poésie disparaît, il n’y a plus qu’à pleurer.
Quand le rire s’estompe, on reste malheureux.
Forcément.