Regards

Brancusi – L’Art ne fait que commencer

Par Henri-Hugues Lejeune

Quelque chose me dit et je ne dois pas être le seul, que cet oeuvre se doive exposer, s’établir de lui-même, tout naturellement, dans ces hauteurs transparentes du Centre Pompidou, en ce vaste espace ouvert sur le ciel et dominant la ville à près de cent mètres de hauteur !

Emplacement plus favorable ne se peut envisager : après tout l’altitude n’est-elle pas abstraction ?

C’est là aussi où il eut rêvé d’être saisi au corps de par une aura essentiellement différente de ce qu’en pourrait être une autre, et qui serait encore enchainée dans le réalisme du terre-à-terre, redevable.

C’est dans ce climat, cette évidence dialectique qu’il nous faut aborder la superbe rétrospective que lui ont disposée les conservateurs du lieu et qui semble profondément celle même de l’artiste, et de lui seul.

Ainsi qu’ils nous l’expliquent, ce « jeune artiste », d’origine Roumaine, traversait il y a 120 ans l’Europe à pied pour venir s’installer à Paris, y apporter et y inventer lui paraissait-il « Une nouvelle manière de sculpter » et qui serait un langage universel privilégiant la taille directe et les formes simples.

Le pur contraste, en opposition absolue, de l’abstraction, cette évaluation ascendante, ce réalisme élévateur, cette simplification évolutive et cette ascension complète, absolue de par une implication « Idéelle, Idéale » qui se refuse à cette sorte d’inévitable chirurgie, voire cet appauvrissement inhérent à l’abstraction en elle-même.

L’opération est inédite peut-être, originale sûrement, et cela, qui plane sur nous, demeure l’énigme qu’elle est susceptible de comporter, celle du regard, du comportement psychique de l’alpiniste arpentant les âmes ?

Ainsi Brancusi propose-t-il son univers et la métamorphose qu’il comporte, la Réalité dont il serait erroné de considérer qu’elle se situe dans le seul cadre d’une abstraction, d’une simplification qui ne seraient Elues que d’elles-mêmes.

 

Au Centre Pompidou du 27 mars au 1er juillet 2024