Les Forêts Natales Équatoriales – Arts d’Afrique Équatoriale Atlantique
Par Henri-Hugues Lejeune
Cette exposition d’une importance rare -325 pièces- se concentre sur les sculptures, majoritairement liées au culte des ancêtres les représentent ou symbolisent les gardiens des reliques et les masques qui déclinent les nombreux aspects des entités spirituelles qui interviennent dans le fonctionnement des sociétés. Concret et abstrait ? Peu probable. Certains masques sont humains, d’autres non.
Elle n’inclut pas d’autres objets, tels que les tabourets, appuie-têtes ou armes, afin peut-on penser de concentrer notre attention, notre méditation sur la symbolique, la religiosité et cette métaphysique profonde qui prend nom de magie ou d’objets sinon d’art, puisque d’art il n’est pas ici question de prime abord, sinon que la très ancienne provenance d’un certain nombre de ces œuvres, révèle la vénération particulière dont ils étaient entourés dans un monde où la permanence des objets, n’était pas un dogme dans ce climat rude.
Il faut la marquer d’une pierre blanche. Elle est le résultat d’une sélection non pas ethnique comme de coutume, mais géographique. Les Forêts natales, ce sont les zones sylvestres du Gabon, de la Guinée Equatoriale, du Cameroun (du Sud), l’Ouest du Congo. L’épaisse forêt équatoriale est un monde mystérieux pour nous, inconnaissable, enchanteur et enchanté, aux conditions de vie hostiles à l’homme et plus difficile que les steppes et savanes pour nos mentalités d’occidentaux.
Bref, nous en retirons le sentiment du moins de nous situer ici au cœur du mystère, du mythe africain.
Certes les ethnies concernées, Fang, Kota, Punu figurent parmi les premiers masques et statues parvenues dans notre univers occidental mais aussi les Kwelé, les Tsongo, les Aduna, les Galwa tous issus selon la science moderne des Bantous venus de la zone sahélienne voici cinq mille ans.
Cette exposition nous met face à face à cette intensité et cet humanisme profond de l’Afrique noire avec une intensité qui n’a rien de fortuit, mais surtout en face de nous-mêmes.
Qu’est l’homme, représenté ici avec ses ancêtres, les esprits, les mythes, les magies, les sorcelleries aussi faut-il bien le dire, qui l’ont escorté tout au long de son parcours à travers le vaste monde ?
Venez vous recueillir en face de la longue rampe en forme de volute–une idée inédite-constituée par cent cinquante reliquaires Kota, gardiens des ossements des ancêtres, de toute beauté, le plus souvent cuirassés de cuivre qui vous interrogeront autant qu’ils se livreront à vous, mais qui représentent une des grandes stupeurs esthétiques que j’ai ressenties.
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac
Jusqu’au 21 janvier 2018