Regards

L’inventaire de Philippe Garel

Galerie Area "Cette étrange idée du beau"

En attendant son installation comme membre de l’institut à l’Académie des Beaux-arts, quai Conti, Philippe Garel a éprouvé le besoin de se remémorer son œuvre et de porter un regard rétrospectif sur ce qu’elle fut. Crayon en main, il en a dressé l’inventaire dessiné.

Sur de longues feuilles de papier il a posé presque tout ce qui, de 1972 à aujourd’hui, a constitué les éléments de son travail, créant un dessin de plus de 20 mètre qu’il a intitulé : « Inventaire pittoresque de 1972 à 2017 ».

Si l’adjectif «pittoresque» s’entend comme ce qui surprend par son aspect insolite ou sa saveur étrangère, il renvoie dans son ancienne acceptation à : “ce qui appartient à la peinture ».

Chez Philippe Garel, même ce qui n’est pas peint appartient au registre de la peinture,  car les objets qu’il crée,  il va les peindre. Il s’invente des théâtres, comme le faisait Poussin, pour vérifier l’éclairage de ses compositions. Cet inventaire montre donc ses réalisations, celles qui prêtent à sourire (palmes aquatiques ou pantoufles munies de talons…), d’autres plus sérieuses, (l’expansion menaçante des volutes d’un chou devenu menace atomique…) et même légères et emphatiques,  quand il évoque par le détail  l’atelier de Rembrandt… Mais toujours se tient le dessin.

Pour autant que le dessin de Philippe Garel se reconnaisse par une incomparable maîtrise, il s’affirme avant tout comme une discipline essentielle et signifie la relation de connivence qu’il entretient par son regard avec le monde. Dessiner est le premier pas du savoir. Comprendre les choses par leur forme, c’est appréhender leur genèse, anticiper les possibles qu’elle contiennent et cela avant toute signature.

Crayon à la main, il regarde et recompose sa propre création en un dessin de 20 mètres qui raconte une vie de travail et précise la valeur infinie de savoir que contient l’acte de voir.

Ce dessin fait l’objet d’un livre et d’une exposition présentée au 39 rue Volta, a la galerie Area au lieu dit : « Cette étrange idée du beau ». N’est-ce pas là une manière d’y répondre.

Marla Singer

Galerie Area, au lieux dit « Cette étrange idée du beau »
Exposition du 12 octobre au 4 novembre, du mercredi au samedi de 14h à 19h