Regards

Aux Frontières de l’Humain

Par Iris Alter

Changement de paradigme ? Quel est le narratif des expositions d‘art contemporain ? PANTA RHEI, "tout est constamment en métamorphose”. C’est ce que le philosophe grec Heraklit formulait déjà il y a 2700 ans. Les bouleversements multiples de notre monde actuel indiquent-t ’-il un changement de paradigme qui va au-delà de ses transformations perpétuelles ? Crise écologique, économique, sociale et sanitaire…notre monde tel qu’on le connaît est-il en train de se „défaire“ ?  Sommes-nous à un moment charnier où notre propre existence sur la planète est en jeu ? Quelle perception les artistes contemporains nous dévoilent-ils dans leur travail ? Texte intégral

Catherine Ludeau

Par Mylène Vignon

J’ai rencontré Catherine Ludeau grâce à Véronique Grange Spahis, commissaire d’une exposition qui a laissé une trace indélébile dans ma mémoire. J’ai immédiatement été saisie par l’esthétique et la pureté de ses créations. Ses couleurs et la matière atypique qu’elle compose sont d’une modernité sans cesse réinventée au fil des années. Texte intégral

Garouste

Par Henri-Hugues Lejeune

Quelle discrète horloge a-t-elle mis en route le destin en vue de conjuguer ces jours-ci les attentions les plus diverses et les plus profondes sur l’œuvre et la personne de Gérard Garouste ? Sont-elles en mesure, sont-elles assez puissantes et concertées afin que nous puissions disposer des matériaux nécessaires pour en analyser l’énigme ? Autant celle du personnage, car elles sont nombreuses et au premier chef celle de sa destinée, du ou des buts qu’il s’assigne et des options qu’au long cours de son existence il a prises, s’est assignées, a adoptées ou qui se sont, bien souvent douloureusement, imposées à lui. Texte intégral

Sonate atlantique

Par Sandrine Lefevre

À l’aube, éveillée par la clarté dans ma chambre, j’avance vers vous. Ô Sphinx ! Chauffé par le soleil, Dévoré par la pluie, Caressé par la sable, Vous portez les nuages sur votre dos tranquille et patient. Figé, posé sur le sol, à l’arrêt, vous resplendissez du souffle des pulsations d’aimer. Mes mains effleurent lentement votre puissante douceur. Vos traits rassurants et sculptés étoffent avec élégance tous les étés d’estampes et de beauté. Texte intégral

L’espace des imaginaires, pour une architecture de l’invisible

Par Jacques Lombard

La ville, dès ses débuts, n’était-elle pas une première utopie, une première vision du monde, celle des monarques, des sultans, des maharajahs, des marchands mais aussi des tyrans, des despotes, des satrapes et des oppresseurs quand l’un ne se confond pas avec l’autre ? De Mari, l’antique cité sumérienne au bord de l’Euphrate au Welthauptsadt, le « Nouveau Berlin » de Hitler resté inachevé ou plus récemment à la Casa poporului, « la maison du peuple », édifiée par Ceausescu et digne du « Château » de Kafka, en passant par Pienza en Toscane, manière de bibelot pour un pape, on comprend que la ville est une mise en ordre de ses habitants dans le double jeu des échanges et de la déclinaison des formes symboliques du pouvoir. La cité témoigne ainsi de cette utopie, l’inscription dans l’espace d’un idéal de la vie en société, au fondement de l’idée de « bonheur », du bien vivre indispensable aux hommes, dessinée en quelque sorte à leur corps défendant et pour la plus grande gloire de son inventeur. Texte intégral

Akira Inumaru – Jour et nuit

Propos recueillis par Mylène Vignon

Pour inaugurer la saison, la galerie Terrain Vagh ouvre ses portes au Soleil Levant et accueille Akira Inumaru, jeune artiste japonais qui présentera une toute nouvelle série inédite, peinte cet été au Japon spécialement pour l’exposition. Jour et nuit est le titre de cet ensemble de quinze peintures sur toile, conçues comme autant de portraits de la nature, de l’espace, de la lumière et du temps, entre le lever et le coucher du soleil. Jour et nuit sera accompagnée de deux grandes toiles de la série Cimes et Racines exposée à l’Abbatiale Saint Ouen à Rouen d’avril à juin dernier ; trois œuvres inédites sur papier de la série Distillation solaire compléteront l’ensemble. Texte intégral

Chronique numéro 38 – Alain Pusel

J’embrasse la peinture

La première miniature, qui saute aux yeux et porte le rouge d’un baiser, symbole de l’amour immense de Marie Rauzy pour la peinture tout autant que l’intensité de son espièglerie, est celle qui représente le visage de Arnold Böcklin, clin d’œil à son propre autoportrait de 1872 : « Autoportrait avec la mort jouant du violon ».  Il manque le sourire goguenard de la Camarde lorgnant déjà sa prochaine victime, juste derrière l’épaule droite du joyeux luron de peintre suisse. Enfin… celui qui a peint cinq versions de l’hilarante « Ile aux morts » n’avait guère de place pour reporter de l’humour sur sa palette, son talent de fiévreux symboliste est là pour combler notre aspiration au romantisme et aux moments de mélancolie. Texte intégral

Apocalypse Républicaine

Une pépite d’Avignon

Jean Maboul, un psy, pas comme les autres, exerce dans un mystérieux village, qui, d’après des spécialistes en géographie sacrée, fait écho à Rennes-le-Château, genèse du Da Vinci Code… Auteur du Best seller mondial « Avec Maboul on ne perd jamais la boule », il pratique la Méthode Maboul, en marge des acquis de Freud, Jung et Lacan, qui n’ont pas eu la chance de le rencontrer.... Dans son Cabinet de réflexion, on évoque, sans langue de bois, ni paroles d’évangiles, les non-dits qui masquent les gros maux de l’humanité… Et au fil de 7 consultations, chiffre qui n’est pas innocent, le Déni est convoqué au Tribunal du Verbe, ou sont cités comme témoins à charge, Dieu, Voltaire, Aragon, Platon, Louis XVI, Napoléon, Shakespeare, Hugo, Machiavel, Einstein et Satan... Texte intégral

A la découverte de l’Ile de Bréhat

Par Thierry Berthé

À quelques encablures de la côte bretonne, par-delà la bonne cité de Paimpol, je vous donne rendez-vous pour y voir et revoir les îles de Bréhat. Dix minutes de navigation suffisent pour prendre pied sur l'ile principale de Bréhat, côtoyée à l’ouest par l’île Béniguet qui la sépare de l’estuaire du Trieux et par l’île Logodec au sud-est, elle est cernée de plus d’un millier d’îlots rocheux où seuls peuvent se risquer les marins du cru. L’île de Bréhat est scindée en deux par le bras de la Corderie et sa visite se mérite. En effet, il n’est pas rare d’y marcher de 15 à 20 km pour en découvrir les secrets et recoins. Texte intégral

Vive le Parti communiste chinois !

Par Jacques Lombard

La salle de réunion était plongée dans le noir, on ne distinguait que les éléments projetés sur l’écran blanc laiteux et nacré qui réfléchissait les lucioles voletant en tourbillons, autour de l’éclairage des ordinateurs portables des participants. L’horloge administrative sur le mur indiquait IIH30, encore une demi-heure de réunion pensa-t-il. Philippe luttait sans grand succès contre le sommeil, évitant de balancer la tête dans ce lourd mouvement interrompu de temps à autre par une brusque saccade et qui aurait alors révélé son assoupissement. Il savait pourtant que ce séminaire consacré à une réflexion générale sur les différentes techniques informatiques de la reconnaissance faciale, ainsi que sur leurs conditions d’utilisation était de la plus haute importance, à tel point qu’il avait eu beaucoup de mal à trouver le sommeil et en avait profité pour relire « Une chambre à soi » de Virginia Woolf, qu’il venait d’acheter pour l’offrir à sa fille aînée à l’occasion de ses seize ans. Texte intégral

Folle soirée rue de Fleurus

Par Mylène Vignon

Une invitation à dîner en compagnie de l'artiste André  Robillard, m’a mise en joie par un beau jour de février 2022. Bien que vivement admirative des œuvres découvertes sur les cimaises de la galerie Sartoni & Cerveau, je n’avais encore jamais rencontré l’homme. Et la rencontre en question dépassa de beaucoup mes espérances! Ce jeune homme de 90 ans, né à La Maltournée près de Gien le 27 octobre 1931, comme il se plaît à le rappeler avec fierté, surprend, autant par sa vivacité que par son caractère bien trempé. L’artiste ne s’est pas fait pas prier pour jouer de son harmonica diatonique, entre les notes joyeuses de La Java bleue et celles de morceaux choisis dans le répertoire de son idole André Verchuren. Avec une incroyable lucidité, un humour empreint de bon sens et une générosité sans limites, il se raconte… Voici son histoire: André Robillard est placé dès l’âge de 7 ans à l’école annexe de l’hôpital psychiatrique de Fleury-Les-Aubrais, sous prétexte de difficultés scolaires. Il était alors destiné à devenir commis de ferme. Fugueur et colérique,  il se retrouvera interné dans ce même hôpital à l’âge de 19 ans. À partir de ce moment, son sort est jeté!  À l’âge de 33 ans, il sera employé comme jardinier, blanchisseur et exécutera également d’autres tâches plus ingrates. Un jour, il décide en feuilletant des magazines spécialisés, de fabriquer des fusils, qu’il réalise de manière rudimentaire, afin de tuer la misère, selon ses propres mots. Bien intentionné, son psychiatre envoie quelques pièces à Jean Dubuffet.  Ces œuvres atypiques vont immédiatement intégrer la collection du maître de l’art brut. Les deux hommes se rencontreront à plusieurs reprises. André Robillard, entame ensuite une série de spoutnicks et autres engins spaciaux. Ses fusils se déclinent aussi en mitraillettes, élaborées de plus en plus finement, toujours à base d’éléments de récupération.  La production s’étend également aux planètes, aux satellites, aux animaux et aussi à Notre Dame de Paris. Une production de l’artiste orléanais, qui va bien au delà de l’espièglerie et contient une essence subversive et transgressive. Merci à nos hôtes Sophie Sainrapt et Pascal Aubier, d’avoir organisé un délectable banquet en l’honneur de ce grand artiste. Merci également au collectionneur Alexandre Donnat qui a permis cette rencontre, offrant à son ami, la joie de dîner en compagnie de trois de ses œuvres, sélectionnées avec l’expertise qui le caractérise. Ce fut une soirée décalée, éclaboussante,  intense en événements, passée en compagnie de jeunes personnes plutôt fougueuses. La chance m’a été donnée de faire également la connaissance de mesdemoiselles Lily Lafleur, chapelière à Paris et Bérangère Nicolet, dite bébé. Nous avons dit adieu à un joli pot à eau rouge à pois blancs, dégusté une poularde demi deuil et des pommes de terre rôties au four,  bien maîtrisées par Pascal et agrémentées de truffes râpées - car Alexandre Donnat, outre le fait de nous avoir offert le cadeau principal de cette soirée, nous a également gratifié d’une belle cueillette de truffes venues tout droit du Périgord -. Il y eut aussi en dessert, des éclairs au café géants, ainsi que des Merveilleux, apportés par les très charmants César et Manolo, hélas repartis prématurément. André Robillard, après avoir taxé la soirée de Fête au village, retournera en taxi à Fleury - Les - Aubrais,  parce qu’il y est attendu. Il doit, dit-il se préparer pour une future exposition lyonnaise. Ses bons amis l’entourent de beaucoup d’affection et lui permettent de s’évader le plus souvent possible de sa chambre où la lumière du jour ne filtre pas. Une autre bonne manière de tuer la misère en clamant Vive la vie!  Saisonsdeculture ne manquera pas de transmettre les informations inhérentes à l’exposition consacrée à André Robillard à Lyon et annoncera peut-être une bonne surprise. www.collectionalexandredonnat.com

Chronique n° 22 d’Alain Pusel

Avec les anges, prendre la route

Il y a de tout petits ascenseurs dans certains immeubles de Paris. La cage d’escalier, étroite, n’a pas permis à une nacelle domestique spacieuse d’être implantée. Le mécanisme d’élévation n’est pas toujours naturel… Ces machines sont régulièrement immobilisées ; leur exiguïté ne favorise pas leur utilisation, et chaque emménagement ou déménagement est l’occasion de les mettre hors d’usage pendant plusieurs jours. Des utilisations poussées et successives ont raison de leurs capacités ; une pièce du mécanisme a souffert ou c’est la porte de sécurité qui a été bloquée par quelques sacs de ciment, un afflux de caisses, l’agitation d’utilisateurs et c’est la panne. Texte intégral

Une cabane de fortune

Par Jacques Lombard

Jean-Paul frigorifié par ces longues heures passées à filtrer les automobilistes au rond-point d’Arçonnay s’était réfugié dans leur cabane de fortune édifiée à l’aide d’un arrangement de palettes en bois consolidé par des pneus usés. Ils étaient cinq à avoir passé la nuit à cet endroit où s’ouvre l’embranchement routier pour Orléans ou Chartres quand on entre dans la ville d’Alençon. Malgré le petit déjeuner copieux offert par un restaurateur voisin, ils avaient tous du mal à se réchauffer sans doute en raison de cette nuit blanche dont ils avaient perdu l’habitude, car le plus jeune d’entre eux ou plutôt la plus jeune avait dépassé quarante-cinq ans.

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