Sophie Sainrapt . Vénus rouges
Par Mylène Vignon
Des femmes écarlates !
Parce que le rouge doit inévitablement arriver un jour à l’artiste, parce que Sophie est passée à Roussillon où la terre a lancé son appel, parce que le corps de la femme est le symbole de la couleur écarlate et de la passion, l’œuvre s’est imposée.
Cette fois Sophie Sainrapt nous décrit le corps de la femme de l’intérieur . Cette cartographie de l’intime, soulignée par la poudre d’ocre rouge des falaises et des cheminées de fées, ajoute au sujet tant de fois exploré, des allures martiennes sans concession.
Depuis la préhistoire, rouge de Prusse, rouge d’Anvers où de Hollande, la matière ocre rouge, utilisée comme pigments est nommée par les classiques Sinopis, en hommage à la ville de Sinope.*
Elle explique : Comme les noires, ces Vénus rouges sont inspirées des Vénus préhistoriques ; statuettes de déesses mères, femmes puissantes et procréatrices venues du fond des temps. Tout comme le rouge et le noir, elles portent les couleurs premières des peintures pariétales, de la grotte Chauvet à celle d’Altamira.
Spéléologue de nos terres intérieures, Sophie ne pouvait en aucun cas, passer à côté de cette alchimie qui drape son œuvre d’un invisible voile, d’une chaleur impudique à rêver.
Maria Elena Vieira Da Silva écrivait dans son précieux testament dédié aux artistes :
Je lègue à mes amis une garance pour faire entendre le violoncelle…
On retrouve dans la sensualité du geste, inspiré par la générosité de la pose, les courbes féminines de cet instrument de musique si cher à Man Ray.
Les œuvres sont à découvrir dans l’alcôve du site de l’artiste en attendant le retour des expositions post covidentielles :
*Encyclopédie de Diderot