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35eme DINARD FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE ET IRLANDAIS 2024 BILAN

par Chantal Laroche Poupard et Kat Sroussy

Ce fut une édition luxuriante et étonnante à tous points de vue, une programmation de grande qualité, un jury magnifique, des festivaliers passionnés et un temps splendide.

 

PALMARES

 

PRIX DU JURY / JURY PRIZES

Hitchcock d’Or Ciné+OCS / Best film

SEPTEMBER SAYS de Aiane LABED

Hitchcock de la meilleure interprétation / Best Performance

LALOR RODDY dans

That They May Face The Rising Sun de Pat Collins

Prix spécial du jury Barrière / Special prize

UNICORNS de Sally El Hosaini, James Krishna Floyd

 

PRIX DU PUBLIC / AUDIENCE AWARDS

Hitchcock du Public long-métrage / Public Prize Hitchcock, Feature Film

UNICORNS de Sally El Hosaini, James Krishna Floyd

Hitchcock du Public Shortcuts / Public Prize Hitchcock, Best Short

LEGACY de Harry Hadden-Paton

 

PRIX OUEST-FRANCE « TALENT DE DEMAIN » / PRIZE OUEST- FRANCE

PAUL & PAULETTE TAKE A BATH de Jethro Massey

Dinard Festival du film britannique et irlandais, 35ème édition.

 

Unicorns

Film de James Krishna Floyd et Sally El Osaini

Prix spécial du jury Barrière et Hitchcock du Public long-métrage 2024

 

L’auteur- réalisateur James Krishna a choisi ce titre Unicorns, Licornes, qui signifie pureté et innocence, vie et joie dans la mythologie gaélique et écossaise. Cet animal est aussi une marque de virilité et de puissance.

Luke, un jeune homme simple, garagiste, européen, père d’un petit garçon dont il a la garde, se retrouve par hasard dans une boite de nuit clandestine où son regard croise celui de la jolie Aysha une danseuse indienne. Après un premier baiser passionné, il découvre avec effroi, qu’il a embrassé un drag Queen, donc un garçon !

Par la suite Aysha le recherche, le retrouve et lui propose un « deal » à condition que Luke devienne son chauffeur pour l’accompagner secrètement danser et gagner plus d’argent.

Cette relation devient une histoire d’amour poignante avec deux excellents acteurs, Ben Hardy qui incarne Luke et Jason Patel, Aysha/Ashiq.

L’amour transforme en douceur, les deux protagonistes, Luke hétérosexuel devient homosexuel tandis que la sensible Aysha redevient le jeune fils d’une famille indienne traditionnaliste et stricte.

L’amour fou, à fleur de peau, de Luke et Ashiq questionne sur la possibilité de surpasser dans ce monde, l’étau familial et sociétal, la solitude et le manque de compréhension.

 

 

September Says

de Ariane Labed 2024 a obtenu le Hitchcock d’Or, best film.

 

Deux sœurs September et July s’entendent très bien même si elles sont extrêmement différentes.  September est sûre d’elle, entreprenante, effrontée, July la plus jeune est timide, mal dans sa peau.

Leur mère célibataire est un peu perdue. September et ses 400 coups au lycée lui vaut une exclusion. Avec leur mère elles fuient alors à la campagne dans le cottage irlandais de la grand-mère. Mais la tension monte tandis que des rencontres improbables les dérangent.

Sous couvert d’un jeu inoffensif du style « Jacques a dit » en anglais

« Simon says », September exerce une emprise sur sa sœur faible et manipulable et lui fait faire tout ce qu’elle veut. « July la bêtise » comme elle l’appelle est tétanisée par cette emprise de plus en plus pregnante jusqu’au moment où   September lui demande de s’ entailler le cou et de faire l ‘amour à sa place avec son petit ami.

Les deux actrices (September Pascale Kann) et July (Rakhee Thakrar) sont remarquables dans ce film inquiétant, important et nécessaire, fondé sur le thème de l’emprise démesurée et celui de la folie, très bien analysés par la réalisatrice Ariane Labed.

 

That they may face the rising sun

de Pat Collins 2023 avec Lalor Roddy, Barry Ward, Anna Bederke

Lalor Roddy a obtenu le Hitchcock de la meilleure interprétation.

 

Ce long métrage de Pat Collins, adapté du dernier roman de John McGahern, est superbe, tant par l’esthétique des images de la nature irlandaise que par la philosophie de vie simple et méditative qui l’illumine.

Joe écrivain, Kate photographe, ce couple a quitté Londres et s’est installé non loin d’un lac niché au sein de petites montagnes arides et dénudées.

Joe s’adonne à des petits travaux de la terre, mène son petit troupeau de brebis et de boucs, s’occupe de ses ruches et de son jardin.

Tous deux n’hésitent pas à prendre une tasse de thé avec leurs voisins et les inviter chez eux pour écouter leurs confidences ou leur demander conseil, présents avec eux dans leur détresse comme dans leurs joies.

Tous ces moments sont campés par une caméra subtile, avide de gros plans sur des visages authentiques, burinés par le temps, sur des visages hauts en couleur, en colère ou attristés, sur des visages chaleureux, emplis de compassion.

Une vie normale, simple et touchante est montrée subtilement sans fioritures.

La nature environnante sublimement filmée contribue à I ‘apaisement que ce couple amoureux qui irradie en regardant le soleil levant.

 

Enfin nous rappelons que le Dinard Festival du Film britannique et irlandais DFFBI a démarré sa sélection avec un film néo-zélandais superbe et poignant.

 

The Convert de Lee Tamahori

 

Aprés un passé de meurtrier sans état d’âme dans l’armée britannique, Thomas Munro (Tiareore Ngataï) cherche la rédemption et embarque en 1830 pour la Nouvelle-Zélande en espérant ramener la paix dans des tribus maoris. Celles-ci s’entre-tuent et menacent une colonie britannique où règnent violence,colonialisme et racisme.

Fort de sa prédication évangélique, aidé par une courageuse jeune femme maori Rangimi (Tioreore Ngataï-Melourne) et la touchante Charlotte (Jacqueline McKenzie) qui l’aident à comprendre ces tribus, Thomas le converti parvient à convertir à la Paix deux tribus ennemies.

Le compositeur Matteo Zingales réussit, avec subtilité, à composer une musique inquiétante, atonique, doublée de chants d’oiseaux exotiques en alternance avec le rythme violent des meurtres fratricides.

Le réalisateur néo-zélandais Lee Tamahore signe un grand film baigné de la lumière d’un paysage grandiose et souverain.