Anouk Grinberg
La sensibilité à fleur de peau
Quelque chose d’indéfinissable interpelle le visiteur, qu’il soit éclairé ou non, dans l’œuvre de cette artiste soutenue par l’excellente expertise du galeriste Gilles Naudin. Un regard, une force qui répond à la sensibilité de la plasticienne en un contraste saisissant. Un peu comme si les yeux de l’âme s’accrochaient à notre peau intérieure pour exprimer une quête…
Anouk Grinberg maîtrise à la perfection cette difficile technique de l’encre et de la craie sur papier où les noirs fusionnent à merveille. La scénographie proposée par Gilles n’est en aucun cas étrangère à l’émotion qui se dégage de l’ensemble. Un monde extirpé de l’ombre est prestement projeté de l’intérieur, à la manière d’une suite de vibrations secrètes de l’intime.
L’œil m’évoque celui de l’objectif de la caméra que notre artiste connaît si bien.
En bas, sur le mur de droite, contraste le dessin d’une baignoire qui pourrait sembler quelque peu décalée, mais qui prend tout son sens dans ce parcours initiatique.
La baignoire répond à ce besoin de se laver de toute pollution extérieure, propice à altérer la concentration nécessaire avant d’affronter un défi, une épreuve. Hors, un vernissage, même s’il représente une fête qui honore les œuvres signées, est paradoxalement une douloureuse mise à nue de l’âme et l’artiste se sent vulnérable sur son piédestal.
Autre défi : l’actualité d’Anouk au théâtre des Bouffes du Nord jusqu’au 24 janvier dans une étonnante interprétation de MOLLY BLOOM – d’après Ulysse de James Joyce – adaptée par Jean Torrent.
L’exposition à la galerie GNG, 3 rue Visconti 6ème se poursuit jusqu’au 8 février 2014
Mylène Vignon