Autour du Genji – À la cour du prince Genji
Par Henri-Hugues Lejeune
Le « Dit du Genji » puisque c’est ainsi que se peut traduire le « Genji Monogatari », il y a bien longtemps, a eu sur moi un effet profond, pour ne pas dire une influence difficile à définir, ceci par le moyen de sa traduction anglaise, puisque jusqu’alors il n’y avait pas d’autre accès plus direct pour un français.
J’entends ici décrire, rendre compte plutôt de l’exposition actuelle du musée Guimet, mais il me paraît nécessaire de situer avec un peu de précision ce qu’elle a représenté au juste, à mon égard.
De tout temps je suis l’heureux propriétaire d’un exemplaire de la version traduite en anglais de cette épopée dont je n’ai pas le souvenir précis de la manière dont elle vint entre mes mains il y a quelque trois quarts de siècle !
Peut-être durant le séjour de mes dix-huit ans à Cambridge, je ne saurais dire, mais cela s’est passé il y a très longtemps et il ne m’a plus quitté, même si je ne saurais prétendre que c’était mon livre de chevet, il planait dans ma bibliothèque. Son effet, emploierais-je le mot résonnance ? s’exerçant depuis tant de temps, s’est bel et bien ancré à mon psychisme : s’il devait en être ainsi, ce dont mon enthousiasme à le savourer devrait suffire à me persuader, autant m’en accommoder voire en étudier la raison.
Ainsi y avait-il déjà bien longtemps que le Dit du Genji -puisque c’est ainsi que peut se traduire le « Genji Monogatari » – a produit sur moi chaque fois que j’y pense le même effet profond, par le truchement d’abord de sa traduction en anglais puisque pendant trop longtemps il n’avait pas d’autre moyen pour un français d’y accéder.
Ce préambule un peu futile prétend seulement expliquer, entériner surtout sa présence constante auprès de moi sinon en moi, qui persiste à me paraître à moi-même quelque peu insolite…
Est-ce un poème, une œuvre d’art, une légende, un mythe ? Est-ce une épopée ? Est-ce tout cela ensemble ?
Ou bien est-ce tout cela l’âme du Japon ou l’une d’entre elles, dont l’on rêverait ? Hé bien voici ce texte, qui a, ou qui n’a pas quitté votre chevet, qui se retrouve sous vos yeux, assorti des images qui sont susceptibles d’en sortir, après avoir été rédigé voici plus de mille ans par la poétesse Murasaki Shikibu transcrites en un subtil et insaisissable hommage, sur un métier Jacquard interprétées par le Maître tisseur contemporain Itaro Yamaguchi, comme pour avoir remercié et rendu hommage à la France de cette invention adoptée par son pays et quelque part dorénavant incorporée dans son propre atavisme.
Efforçons-nous d’être subtils et de savoir apprécier le présent à sa juste valeur !
Musée Guimet
Du 22 novembre 2023 au 25 mars 2024