« Djihad » au Théâtre des Feux de la Rampe.
De quoi cette pièce est-elle le nom ?
Djihad, les lettres apparaissent dans la lumière sur le rideau rouge bientôt laissé dans la pénombre, avant de laisser place à un décor dépouillé, un désert noir.
Désert de la cité, puis de l’aéroport avant d’arriver à celui créé par les bombes, on se demande alors si le néant n’est pas dans le cœur de ces hommes qui se jettent dans la gueule du loup sans broncher ; ces hommes partent faire le djihad comme on irait faire une croisière et ne cessent de se convaincre eux-mêmes de la gravité de leur choix alors que pour nous, spectateurs, il apparaît comme dérisoire.
Bientôt on comprend que cette cause prétextée est en fait un exutoire pour des jeunes hommes qui ont vu leurs rêves se briser sur le roc des traditions poussées à l’extrême.
De la musique, à l’amour mixte en passant par le dessin, tous ont dû renoncé à ce qui était leur raison de vivre, tous ont dû éteindre la petite voix de bonheur qui les faisait scintiller pour eux-mêmes et pour leurs autres, au nom d’un Dieu soi-disant vengeur, et s’en faire l’armée d’anges maudits.
Au milieu de ce désert d’âmes en peine et de corps brimés, ils vont croiser la route d’un chrétien d’Orient, Michel, pleurant sur le corps de sa femme, enveloppé d’un linceul, au centre d’une église béante sous les bombardements. Ces djihadistes du samedi soir ne comprennent pas que cet homme arabe est chrétien, doivent-ils lui laisser la vie sauve ? Au fond qui est l’ennemi ? C’est à cette question que choisit de répondre la pièce.
L’ennemi c’est la haine qui s’empare de vous lorsque vous êtes passés à côté de ce qui aurait pu faire de vous un homme heureux et la famille a sa part de responsabilités dans un endoctrinement qui prend toute la place. Le système belge et français aussi, qui ne comprennent pas ces particularismes mais discriminent à termes à l’embauche.
Ne laissons plus des bombes dans le cœur des jeunes hommes, c’est ce que semble nous dire le texte.
Christina Bejani