Ida
Par Henri-Hugues Lejeune
S’il est question d’un mystère en ce sens qu’il ne se dévoile que progressivement sous nos yeux, rien ne le voile vraiment, la révélation s’en effectue graduellement au fur et à mesure de la recherche menée par Agata Kulesza (la petite religieuse) et sa tante Agata Trzebuchowska.
Le scénario en est des plus simples et pourrait être signé par Diderot comme par le divin Marquis, dans la Pologne encore communiste des années 60 où l’histoire se place, très remarquablement restituée.
Les actrices constituent un duo extraordinaire: la jeune future nonne au jeu intense mais intériorisé et sa découverte d’un monde extérieur qui lui est totalement inconnu et sa tante, juge apparatchik revenue de tout y compris de la guerre, brutale et réaliste, d’une sobriété absolue et qui ne s’attarde sur rien, surtout sur elle-même.
Les hommes, égaux à eux-mêmes hélas, les escortent dans ces régions infernales.
Chaque plan du film est un symbole lourd de sens et de potentiel dans ce pays froid, hostile dans un décor de tristesse contrainte minutieusement décrit et l’histoire est sans faille.
Elle est d’une grande intensité dramatique sans verser dans le moindre mélodrame et ne concède rien.
Ce film qui brille d’un éclat solitaire dans la production contemporaine a été unanimement salué à Paris par la critique comme par le succès public qu’il remporte.