Il vaut mieux s’adresser aux seins, bon Dieu
Par Gilles Trichard
J’ai connu des têtons têtus qui se refusaient, des têtons électriques qui démarraient au quart de tour, ces petits boutons roses capables d’électriser le corps de ma copine de lycée derrière un bosquet dans le square, ces petites mèches délicates promesses de feux d’amour, ces têtons généreux qui donnaient du lait, ah ça c’était ma mère, cette substance divine riche en anticorps me protégeant des infections et pas que…
Car je finis par comprendre plus tard que les seins étaient assurément le meilleur refuge contre les ouragans, le dérèglement climatique, le bruit du monde.
Paire de loches. Loche, cabane en breton.
Je m’y réfugiais quand frappait la folie des hommes.
Je m’y glissais quand mon cœur chavirait.
J’y séjournais quand mon corps pliait sous la fatigue des ébats.
Cette rondeur rassurante, mouvante, émouvante capable de mettre mes sens dessus dessous.
Il y en avait pour tous les goûts : seins jumeaux, asymétriques, seins pommes, demi-pommes hauts et fermes, seins poires, seins melons, seins arrogants, seins angoissants (attention les tétons arrivent !), petits seins timides mais charmants, seins SUV dominants, seins édredons, seins moelleux, seins exhibés, seins voilés, seins révoltés de Téhéran, seins nus face aux barricades, seins des Femen, seins refaits, trop parfaits, seins d’une nuit d’été sur un drap froissé.
Je me rappelle avoir étouffé par des seins en colère qui voulaient me pu nir de vouloir fuir un lit. Une aristo déjantée et bien roulée qui ne supportait pas l’expression « du monde au balcon ».
Les seins sont des fantasmes des petits êtres qui euphorisent nos imaginations, nous les mecs, aux gardes à vous devant cet emblème de la féminité, si faibles en feignant de jouer les forts.
Le rapport à la poitrine dit quoi sur la gent masculine ? Vous avez 3 heures.
Quels seins tu aimes, je te dirai qui tu es.
Ce qui compte c’est l’expressivité, le caractère, peu importe la taille.
Sacrée paire !
Un sein singulier est singulier. Amazôn signifie en grec « sans sein ». Les femmes guerrières n’en avaient qu’un car deux c’était encombrant pour rivaliser avec les hommes.
Le sein unique c’est aussi celui du cancer quand la chimio emporte tout sur son passage.
Grosseur, déviation du mamelon, cellules tueuses qui sont lésions.
Fucking crabe.
Trop facile de s’en prendre à la féminité.
Révolution d’octobre rose pour te mater.
Vive les seins, vive la liberté.
Les seins devraient être fêtés toute l’année.