Le Fossé, Festival Off Avignon 2023

Par Kat Sroussy

Bonjour Jean Baptiste Barbuscia, vous êtes un jeune auteur. Après avoir écrit  Où allons-nous Monsieur Einstein,  pourquoi choisir et écrire Le Fossé ?

C’est une pièce qui m’a été inspirée simplement par ce que je remarque dans la société actuelle.

Un clivage grandissant, métaphore intéressante par ce fossé qui se creuse entre les gens, on s’éloigne de plus en plus, on a du mal à se parler et à se comprendre, on est moins dans le débat, dans l’écoute, dans l’empathie, dans la dialectique, on est plus sur des idées arrêtées sur des sujets fondamentaux, brûlants ou violents, des certitudes qui finalement nous divisent.

A partir de ce constat, de ces réflexions, je suis allé vers le théâtre que j’aime, orienté vers l’absurde,

avec des références comme le théâtre de  Ionesco, Visniec, Becket. Pour moi Il est très difficile d’aborder des sujets graves sans y apporter le décalage, l’humour afin d’y faire passer des messages percutants.

Liberté de l’écriture, votre démarche est très mathématique quand vous brossez les caractères et les personnages avant l’histoire…

Oui tout à fait, ce qui n’est pas habituel, c’est ensuite que la dramaturgie apparait, imaginée mais tout en laissant une liberté au metteur en scène.

D’ailleurs, j’aimerais être appelé auteur cartésien !

Pourriez-vous essayer de résumer votre pièce et de présenter les personnages ?

Cinq personnages au milieu de nulle part, un fossé au centre.

Pierre, vieil homme sombre, avec des pensées douteuses, dépressif bourré de certitudes et de contradictions, creuse ce fossé,  seule manière de sauver son monde. Pourtant, en réalité, c’est Mouss qui creuse, plus naïf,  il n’a pas le choix,  il creuse en réalité pour sauver sa peau.

Amel jeune femme qui cherche à les comprendre, prend la décision de reboucher ce fossé.

Une chèvre qui se prend pour un lion, en pleine crise identitaire.

Et ces personnages attendent et un être apparait.

L’Homme, celui-ci a beaucoup de recul mais n’apporte aucune réponse.

Beaucoup de rebondissements, d’ambivalences, de traits d’humour, de gags, de farces, de poésie, d’absurde et de tragique.  Pièce à plusieurs lectures, on aura même la possibilité et l’opportunité de creuser un peu plus ! Une société qui part en vrille, un monde à sauver…

La mise en scène a fait ressurgir des sens cachés, on redécouvre une nouvelle œuvre avec un regard extérieur, tout ce que l’auteur n’a pas pu ou voulu complètement exprimer.

Il touche presque l’inconscient de l’auteur, c’est une recherche sur une recherche, une sorte de mise en abyme fragilisante et réconfortante à la fois.

Pour moi, le Théâtre doit non seulement divertir mais avertir.

Le Fossé, au Théâtre du Balcon, 18h, du 7 au 26 juillet 2023 relâche les mercredis 13 et 20 juillet.