Le Paradoxe des Jumeaux
Par Katy Sroussy
Le théâtre de la Reine Blanche, scène ouverte aux sciences et technologies, propose à partir du 16 novembre, en hommage aux 150 ans de la naissance de Marie Curie, Le Paradoxe des Jumeaux. Cette pièce écrite par Jean-Louis Bauer et Elisabeth Bouchaud et mise en scène par Bernadette Le Saché, présente la relation amoureuse exceptionnelle et brève entre deux immenses physiciens que sont Marie Curie et Paul Langevin Ils se sont rapprochés et aimés cinq ans après la mort de Pierre Curie. Mais la presse fut redoutable, nationaliste, misogyne et xénophobe et la traîna dans la boue : « Polonaise venue briser un bon ménage français »
Marie et Paul s’étaient beaucoup estimés autour de la Science et travaillaient ensemble sur l’étalon du Radium. Paul fut l’élève de Pierre Curie et ses travaux portaient sur le magnétisme, sur la relativité et invente Le Paradoxe des Jumeaux, théorie sur la relativité restreinte : un jumeau part dans l’espace et revient plus jeune que son frère resté sur terre. Par ailleurs Paul Langevin homme engagé, prit position dès 1898, pour Dreyfus lors de ses procès. Il fut un militant, un humaniste et grand résistant pendant la guerre.
Marie Sklodowska-Curie vint de Pologne en France en 1891 afin de poursuivre des études non accessibles là-bas, et faire de la recherche malgré les difficultés inhérentes à la pauvreté, à son statut de femme et d’immigrée. Elle rejoignit sa sœur Bronia, venue faire ses études de médecine, et son mari. Ils représentaient une partie de l’intelligentsia polonaise et aidaient l’émigration polonaise. Elle épousa en 1895 Pierre Curie, chef de travaux de Physique, avec qui elle travailla. Ils eurent deux filles Irène et Eve. Pierre mourut en 1906, renversé accidentellement par une voiture. Marie choquée, en a beaucoup souffert.
Elle devint la première femme professeur à la Sorbonne, en remplacement de Pierre.
Elle fut aussi la première et seule femme connue à ce jour à recevoir deux prix Nobel : en 1903, celui de Physique, avec son mari et Henri Becquerel et en 1911 celui de Chimie, pour la découverte du radium et du polonium, cela malgré les pressions politiques et le scandale qui a dévoilé sa liaison avec Paul Langevin, déjà marié.
Tous les hommes de Sciences, dont Einstein, ami proche, ont pris position pour Marie Curie.
Femme progressiste et déterminée, elle eut un rôle décisif pour la prise en charge des blessés pendant la guerre avec des ambulances radiologiques, les p’tites Curies. Ensuite, elle développe l’Institut du Radium et ses vertus pour la lutte contre le cancer.
Bernadette Le Saché nous livre ses préconisations quant à sa mise en scène : « je vais essayer de ne pas diriger les acteurs vers une pure reconstitution historique, c’est un réel problème car on est parfois tenté. Cette mise en scène est passionnante, j’aimerais montrer comment une icône mondiale est aussi remuée dans des tempêtes amoureuses qui ont failli la faire vaciller et être refusée à l’Académie des Sciences, comment cette femme, à l’intelligence supérieure, peut être si troublée par ses cauchemars er ses rêves. »
Du 16 novembre au 28 décembre 2017-La Reine Blanche 2 passage Ruelle 75018 Paris.