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Les Contes étranges de Niels Hansen Jacobsen Un Danois à Paris (1892-1902)

Par Elsa Kaminski

Sculpteur et céramiste de l’onirisme et de l’étrangeté, le Danois Niels Hansen Jacobsen, contemporain d’Antoine Bourdelle, s’est établit à Paris de 1892 à 1902 pour y emprunter le chemin sinueux et poétique du Symbolisme et de l’Art nouveau.

Le musée Bourdelle expose ainsi l’esthétique singulière d’un groupe d’artistes réunissant entre ses murs le céramiste Jean Carriès, l’illustrateur Eugène Grasset, le créateur de monstres   Odilon Redon et bien d’autres défendeurs de l’imaginaire.

Le visiteur pénètre alors dans un monde caché et sombre marqué par l’influence japonaise où correspondent chromatismes mystiques et formes psychiques. Baignées dans un éclairage nocturne, les oeuvres de N. H. Jacobsen et celles des autres se dressent en chantres du fantastique obscur pour nous éloigner de notre savoir rationnel et nous plonger dans les profondeurs de l’insolite.

Dans ce royaume étrange, en quête de chimères, N. H. Jacobsen cherche à donner forme à son imaginaire, en le coulant dans des personnages en bronze, démons (L’Ombre, 1897, Bronze), hybrides (Troll qui flaire la chair de chrétiens, 1896, bronze), allégories (La Mort et la Mère, 1892, bronze) ou en le cristallisant dans des formes onduleuses (La Petite Sirène, 1901, plâtre). Autour des sculptures majeures de l’artiste s’ordonnent également d’autres figures fantastiques, entre  inspirations mythologiques (Arnold Böcklin, Bouclier avec le visage de Méduse, 1897 ; Odilon Redon, Naissance de Vénus, vers 1912) et contes (Eugène Grasset, Trois femmes et trois loups).

Le style recouvre une complexité plastique correspondant à celle d’un travail de prospection. Si l’on distingue techniques collectives – notamment le grès émaillé exercé par Jacobsen et Carriès – et procédés personnels, tous partagent, en revanche, cette même intention de se soustraire de la facture classique et des thèmes traditionnels pour mettre au jour une liberté fantasmatique.

Une curiosité inlassable, une densité matérielle et un enrichissement visuel, l’exposition actuelle du Musée Bourdelle nous ouvre les portes d’un univers aussi poétique qu’énigmatique.

Commissaires générales :
Teresa Nielsen, directrice du Vejen Kunstmuseum,
Amélie Simier, directrice du Musée Bourdelle.
Commissaire scientifique :
Jérôme Godeau, historien de l’art, Musée Bourdelle.

  • Musée Bourdelle
  • Du 29 janvier au 31 mai 2020