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« Marathon, la course du messager » : le Musée de la Poste aux couleurs olympiques

Par Gabriel Moser

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point » écrivait le fabuliste La Fontaine. Pourtant, il y a bien des moments où la course peut être salvatrice. De Philippidès en passant par les exploits de sportifs contemporains, le Musée de la Poste dans Marathon, la course du messager, retrace les liens entre sport et transmission ; exploit et dévotion.

C’est à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 que cette nouvelle exposition temporaire est proposée au Musée de La Poste. Dominique Hervieu, en charge du programme culturel de la manifestation sportive mondiale, a décerné, comme c’est le cas pour plus de 2000 projets par ailleurs, le label d’« Olympiades culturelles » à ce Marathon.

 

Que vaut cette course ? Se voulant fidèle à l’esprit de Pierre de Coubertin, elle « allie le corps à l’esprit » en proposant une lecture originale du thème de la transmission.

 

« On peut parler de tout » avec ce thème, sourit Dominique Hervieu. Ainsi, les commissaires d’exposition, Jean-Marc Huitorel et Dominique Marchès, se sont emparés d’une manière très libre de ce sujet.

 

Tout en relief

 

L’exposition a tout d’abord été pensée comme un parcours « avec de nombreux pas de côtés » soulignent avec humour les deux comparses. Cette idée de course, avec un fil plus ou moins conducteur, se retrouve visuellement avec un marquage au sol net. Parfois bleu, parfois jaune, – les couleurs de la maison – il nous invite à nous perdre dans cette exposition sinueuse.

 

Il n’y a pas que le visiteur qui oscille de droite à gauche ; l’exposition aussi navigue entre diverses influences. Il y a bien sûr des passages qui rappellent que nous sommes au Musée de la Poste, notamment la partie sur le très renommé « Facteur Cheval », symbole archétypal de la figure du postier-artiste.

 

Entre des objets de collections, des peintures ou des dessins, l’exposition est par ailleurs jalonnée de statues et autres divers objets imposants par leurs tailles. Ils donnent un certain relief à La course du messager, une originalité assumée et favorisent, in fine, l’immersion. Notons ainsi ces médailles géantes de Lilian Bourgeat.

 

Intitulées Mieux vaut mordre la médaille que la poussière, elles invitent à redéfinir l’idée que nous nous faisons de l’exploit sportif en les représentant selon un « inversement proportionnelle à la gloire dont elles attestent ».

« Les premiers seront les derniers » : l’adage disait donc vrai !

 

L’exposition se veut être un espace d’expression libre, où l’humour et le ton léger fleurissent. Ces médailles géantes en sont un bon exemple, tout comme ce Pas perdu retrouvé de Philippe Ramette. Toutes ces œuvres grandeur nature donnent réellement une impression de mouvement, de progression dans l’espace au fil de l’exposition.

 

Transmission polysémique

 

Au-delà des effets visuels, l’exposition, qui suit toujours ces fils au sol, nous invite à poser notre regard sur différentes visions de la transmission.

 

Il y a, tout d’abord, la transmission de valeurs. Le sport et les Jeux Olympiques ont notamment la faculté de rassembler le concert des nations dans un même lieu, rappelle Koffi Max Williams dans Soleil d’Athènes 2.

 

Il y a, ensuite, la transmission entendue comme notion géographique. Une certaine idée de déplacement, de migration, s’entendent par ce thème. Selon une démarche quasi scientifique, Nina Ferrer-Gleize s’intéresse dès lors à l’évolution de notre rapport – mouvementé – à notre environnement, par le biais de nos déplacements. Dans Tracé GPS de JL, l’artiste évoque tout à la fois la dimension sociologique et historique de la transmission.

 

Il y a, enfin, la transmission comme mode de pensée et de réflexion. Celle que l’on retrouve dans les livres qui sont des vecteurs à part entière, des ponts entre les Hommes. Une belle utilisation de l’espace est ici réalisée par l’exposition qui offre, notamment, un mur parsemé de diverses citations sur le sens et le but de la course.

 

Ces différents supports et techniques éclairent sous nos yeux ce Marathon, lui donnant un sens et une direction.

 

Transmission, profusion

Certaines œuvres rendent compte de manière évocatrice du thème ; d’autres interrogent davantage, notamment Philippidès, imaginé par le créateur breton Hervé le Nost.

 

Telles les sources d’un fleuve qui jailliraient de différents endroits, le français donne à voir une image de la transmission qui procède par un schéma multicanal, c’est-à-dire de manière non linéaire et non verticale. Les rus forment des rivières, les rivières des fleuves ; tous ont un point de départ différent ; mais tous convergent vers un même lit, transmettant chacun leur particularisme. L’édifice commun qui en ressort, représenté ici par ce vase protéiforme, se nourrit de ces différentes influences.

 

Toute l’exposition est en réalité à concevoir sous cet angle multidimensionnel, sous cette pluralité des sources et des échanges qui favorisent et entretiennent la transmission.

 

Marathon permet finalement une restitution du sport et de l’exploit olympique qui dépasse le cadre de la simple compétition. Plus qu’une course, c’est une manière de communiquer et d’appréhender le monde ; en utilisant l’intelligence et la mesure de la tortue, l’agilité et la rapidité du lièvre.

 

Du 15 mai au 15 septembre 2024

 

Musée de la Poste, 34 Boulevard de Vaugirard, 75015 Paris

Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 11h à 18h. 9,00 euros Tarif plein ; 5,00 euros Tarif réduit – Le billet permet également de visiter les collections permanentes du musée.

https://www.museedelaposte.fr/fr