Masculin / Masculin
L'Homme Nu dans l'Art de 1800 à nos jours Par Henri-Hugues Lejeune
Cette importante manifestation, minutieusement préparée, sans doute profilée de manière à faire face aux polémiques pressenties ou évidentes, aux nécessités d’exposition didactique du ou des sujets qu’elle comporte, réussit-elle son difficile pari?
La conviction et la richesse des collections du Musée d’Orsay comme les coopérations qu’il a déclenchées à ce sujet (Leopold Museum de Vienne), l’intelligence et le professionnalisme de ses organisateurs lui ont procuré l’arsenal et les arguments nécessaires pour soutenir les thèses qu’elle implique et affirme.
« Les expositions transversales agacent » avance (avec ingénuité?) Guy Cogeval, Président du Musée d’Orsay, dans son ouverture du catalogue. TI désigne d’ailleurs ces agacés.
TI expose ensuite le véritable objectif de l’exposition qui « ouvre l’histoire de l’art à d’autres champs et penche résolument vers l’histoire culturelle ».
Certes « elle place au centre de son propos le culte de la beauté et convoque les grands artistes (et quelques uns moins célèbres) sans s’interdire des découvertes. »
TI est évident que le Nu Masculin a autant d’importance dans l’histoire toute entière de l’art que son vis-à-vis féminin. Plus encore peut-être de par son rôle essentiel d’initiative dans la Mythologie, les guerres, les figurations historiques et mythiques voire religieuses: la grande Histoire en somme.
Ceci dit, le nu en général a aussi une potentialité décisive dans la sensibilité érotique de l’époque qui la sent comme la substance même de la sensualité humaine.
Ces deux évidences débouchent sur un gouffre béant: la sensualité érotique qui émane de la femme se dirige « naturellement » vers le spectateur -généralement assimilé à un homme mais pourquoi? Les femmes la ressentent aussi non moins « naturellement » mais à bien petit bruit mais qu’en est-il de cette émanation vers la gent masculine?
Cette évocation a toujours suscité une problématique jamais abordée ou presque, plus ou moins suggérée dans les périodes les plus ouvertes.
Ainsi la charge érotique du nu masculin constitue une équation autrement ardue que celle posée par son alter ego féminine (où la sensibilité lesbienne a semblé naviguer plus à l’aise et pourquoi, là encore?)
Les organisateurs de cette manifestation ont évidemment jugé que l’heure était venue de mettre le problème sur la table: le spectacle éclatant qu’elle donne et les révélations qu’elle présente sont la meilleure des réponses.
Musée d’Orsay
1 rue de la Légion d’Honneur
Paris 7ème
Du 24 sept. au 2 janvier 2014