Oskar Kokoschka – Un fauve à Vienne
Par Henri - Hugues Lejeune
En cette Europe trouble et agitée que fut le début du XXème siècle, heureux les artistes et les poètes, les écrivains et de façon générale tous ceux que l’on commençait alors à distinguer sous le nom d’intellectuels, qui pouvaient agir « gratuitement » d’après ce que leur dictait leur conscience sans se soucier du cadre civilisationnel où ils s’inscrivaient , comme par exemple les artistes et littérateurs des « Démocraties occidentales » disons simplement les Français et les Anglais, tout juste les Belges si l’on accepte de sourire de leurs problèmes de Francophones ou de « Flamingants » et dont les heureux intellectuels pouvaient arborer leurs opinions comme telles en tant que « hobbies » comme Picasso Marxiste en France, pour arborer des idées politiques comme des décorations…
Malheur par contre à leurs collègues d’Europe Centrale, d’une Allemagne sans cesse perturbée jusqu’à se retrouver après 1933 foudroyée par le Nazisme.
Que faire alors pour des artistes « engagés » (le terme ni la fonction n’existaient pas alors encore, c’est avec ces vicissitudes que le concept se précisera) comme ils se retrouveraient tous ou à peu près (Ernst Jünger par exemple) devoir l’être, qu’ils se mêlerent presque nécessairement à la vie et à la pensée de leurs compatriotes, de leur époque en somme. Tel fut le dilemme qui affronta Thomas Mann, le plus illustre d’entre eux.
Il se trouvait à l’étranger quand Hitler prit le pouvoir, appelé par Hindenburg, le plus légalement du monde. Que lui fallait-il faire ? Il hésita. Ce fut son fils qui le décida à ne pas rentrer. Il resta en Suisse où il se trouvait, partit aux Etats-Unis puis revint en Europe et termina sa vie en Suisse… C’était un Grand Homme. Quelque part, il peut se comparer pour l’Allemagne du XXème siècle à ce qu’avait été pour elle Goethe au XIXème….
Toujours est-il que le Musée d’Art Moderne, avec cette exposition rétrospective sur l’artiste, mais aussi poète, écrivain et dramaturge Viennois Oskar Kokoschka « Un Fauve à Vienne »
Cet artiste Autrichien à la personnalité exubérante, polyvalente, qui n’admettait d’autre qualification qu’Expressionniste, car telle était le cœur de son ambition, son souhait majeur : se montrer tel qu’il était, et surtout, avec sa propre personnalité et sa gestuelle, dans leur ensemble.
Comment ne pas s’efforcer de laisser à une telle figure, d’une si belle envergure et dans ce monde qui était le sien, auquel il se livrait de tout son être avec passion, l’opportunité de le faire, d’autant plus qu’il est fort peu représenté dans nos musées ouest-européens.
Il disait lui-même « Je suis Expressionniste car je ne sais pas faire autre chose qu’exprimer la vie »
Il n’est donc pour nous qu’à ratifier son jugement et contempler en tant que tel l’ensemble de ses œuvres aussi bien que d’évaluer chacune , qui est détentrice d’une parcelle, d’un aspect, d’une passion en même temps que d’une évaluation, de la Vie en général aussi bien que de la sienne.
D’autant qu’elle fut passionnée, exaltée au plus haut point, autant que rationnelle, ressentie et commentée.
Vivre avec exaltation la difficulté d’Etre !
Musée d’Art Moderne de Paris
Du 23 septembre 2022 au 12 février 2023