Rui Prazeres : un peintre papillon dans les jardins du Luxembourg
Par Marc Albert-Levin
J’étais hier soir, jeudi 29 juin à l’inauguration de l’exposition de Rui Prazeres au Pavillon Davioud du jardin du Luxembourg, accès Porte Vavin, 55, rue d’Assas. Les toiles resteront visibles jusqu’au 10 juillet 2023. L’un de ses amis de longue date (Pablo Poblète, un poète franco-canadien d’origine chilienne qui résida pendant quarante ans à Paris) m’avait conseillé de le rencontrer.
Et ce fut la source de plusieurs plaisirs délectables. Rien d’étonnant sans doute puisque le nom de Prazeres signifie « Plaisirs » en portugais. Le travail de Rui Prazeres est en effet plaisant, aérien et orne agréablement tous les murs du pavillon Davioud qu’il occupe. Ce « paysagisme abstrait » comme on a parfois appelé cette forme d’abstraction, joue des oppositions entre sombre et lumineux, lisse et en matière, entre ce qui est seulement suggéré et ce qui est très précisément figuré. Un triptyque de grande taille, assez ancien, évoque l’éclosion d’une plante, Il pourrait illustrer le triomphe de la vie, qui parvient à fleurir en s’insérant même dans les failles les plus infimes du béton des grandes villes. Ce sont trois toiles annonciatrices du climat végétal qui caractérise notamment l’œuvre reproduite sur l’affiche. Rui Prazeres présente plusieurs toiles diaphanes dans la même veine. Leur transparence est subtilement accentuée par le collage à peine perceptible de fines plaques de verre.
Notez bien que toute la famille Prazeres est extrêmement créatrice. Il y a presque trente ans de cela, Valérie, l’épouse de Rui, en visitant une galerie, avait eu le coup de foudre pour une de ses peintures. Il lui fut proposé de la payer en trois fois. Elle s’est acquittée des deux premiers versements. Mais ayant découvert qu’ils étaient voisins, ils se sont rencontrés, se sont plu et se sont mariés. Ayant apprivoisé le peintre, Valérie n’eut plus besoin d’effectuer le troisième paiement pour s’approprier sa peinture.
Valérie Westpal Prazeres est l’auteure d’un livre de forme oblongue, empli de dessins fins et élégants qu’elle appelle « Paysages sonores » (Editions Unicité, 1er trimestre 2023). Elle les trace à l’écoute de morceaux de musique et note leur titre, la date et l’heure de leur performance ainsi que le nom des interprètes.
La fille de Rui et Valérie, Emma est l’auteure de deux livres dont les titres sont déjà des poèmes, « L’oeil du papillon » (Editions Unicité 2019) et « L’oeil du cœur » sous-titré « La solitude est ce qui nous unit » (2021).
Un fils des Prazeres, Basile, était présent lui aussi. Il jouait avec élégance le rôle d’un barman qui offrait, avec tact et gentillesse, boissons et petits fours aux visiteurs.
Marc Albert-Levin