Trois stratégies de l’Art à L’Orangerie : Marie Rauzy, François Priser, Guillaume Couffignal
Par Cybèle Air
Le décalage, la strate, le squelette
Pour cette rentrée 2019, Alin Avila présente à L’Orangerie du Sénat un sculpteur et deux peintres, sous l’énigmatique annonce : Trois artistes, trois stratégies de l’Art. L’art est-il un combat pour qu’une stratégie caractérise un artiste ? Se lit-elle si facilement ? Quelle guerre s’agit-il de gagner ? Dans ce lieu vaste et léger, crissant de vie et de majesté, les trois artistes se répondent et nous interrogent.
Pour le sculpteur Guillaume Couffignal, « sculpter, c’est ôter la chair jusqu’à sentir sous ses doigts le squelette, la substance originelle de toute chose ». Aller à l’essentiel, interroger l’au-delà des apparences, poser les questions qui fâchent : celles qui ne trouvent pas de réponse, les questions métaphysiques, celles qui nous intéressent le plus depuis l’enfance. Il faut être fort pour se saisir de ces questions et les montrer au grand jour. Comme le Maître japonais façonne le sabre, véritable âme du samouraï, Guillaume Couffignal forge le métal qu’il transforme en œuvre d’art unique. Les arêtes de ses sculptures tranchent un passage vers « le monde d’à côté », comme il le nomme. Chacune, braise pour l’esprit, conserve l’incandescence de la fusion originelle.
Pour le peintre François Priser, les strates sur la toile, strates de matière, écritures d’initié qui se font livre, recouvrent la question, et l’impossibilité d’y répondre. Comme Montaigne rajoutant des notes, en marge du texte déjà amendé des Essais, il sature l’espace de signes, en un véritable palimpseste pictural : répétition des formes qui font langage, intraduisible, accumulation qui rend sensible l’absence. Alors la toile se fait voyage, vers les Tropiques, avec des cartes, et de grands poissons japonais, leurs voilures de navires sèment l’aventure pour réponse. Pour conjurer le temps, les notations des heures sur la toile, beaucoup d’heures, et des minutes aussi, devant l’énigme qui dure. Graver l’origine insaisissable.
Dans la peinture de Marie Rauzy, le décalage est roi. Les reines picorent avec les oiseaux le bleu de la toile, Ingres, Picasso et Vélaquez participent au banquet. Nous sommes ici, et ailleurs; aujourd’hui, et hier. Nous ne savons pas, à vrai dire, où nous en sommes. Qu’y a-t-il sous la peau du monde ? Une réponse surréaliste, un geste à jamais inscrit par Dali : soulever la peau des eaux, comme on soulève la jupe de la mer. Comme Fragonard peignait l’Escarpolette. Se rire de l’impossibilité de la réponse. L’origine manquante, marque le décalage de toute réponse. Du flou et du net, de la liberté et de la contrainte. La fantaisie dans le cadre.
Les instants fugaces des ces rencontres, au cœur du somptueux Jardin du Luxembourg, exaltent notre esprit de sérieux et d’enfance, à l’orée de la rentrée. Alors se pose la question de la stratégie, pour l’amateur d’art, pour l’amoureux, de rendre ces instants pérennes.
La Galerie Area présente à L’Orangerie du Sénat :
du 5 au 22 septembre 2019, tous les jours de 11h à 19h
Marie RAUZY, François PRISER, Guillaume COUFFIGNAL.
Commissaire d’exposition : Alin AVILA
Accès Porte Férou, 19bis rue de Vaugirard, 75006 Paris.
Renseignements 01.45.23.31.52 – www.areaparis.com
A la faveur de l’exposition, aux éditions AREA :
Guide de l’exposition, Marie RAUZY
Guide de l’exposition, François PRISER
Marches de Feux, Guillaume COUFFIGNAL
Renseignements 01.45.23.31.52 – www.areaparis.com
A la faveur de l’exposition, aux éditions AREA :
Guide de l’exposition, Marie RAUZY
Guide de l’exposition, François PRISER
Marches de Feux, Guillaume COUFFIGNAL