Un monde à soi Suzanne Valadon

Ghislaine Lejard

Cette exposition nous emmène dans le Montmartre de la Belle Epoque et des Années Folles, dans son effervescence culturelle et artistique ; à l’ambiance festive des cabarets de la Butte que fréquentait Suzanne Valadon, une figure de la bohème montmartroise. Reconnue de son vivant, son œuvre était entrée dans l’oubli, à l’ombre de figures tutélaires  comme celle de son fils Maurice Utrillo.

L’œuvre de Suzanne Valadon se décline en multiples facettes : peinture, dessin et gravure. Un parcours atypique et singulier, de modèle elle devint une artiste à part entière dans un contexte social et historique des XIX ^ème et XX ^ème siècles, alors bien difficile pour les femmes artistes.

120 tableaux et œuvres sur papier retracent le parcours de l’artiste. Un parcours thématique qui fait découvrir la vie des modèles, le statut d’artiste pour les femmes de cette époque et leur place dans les milieux artistiques des années 1910 à 1930.

Un parcours artistique et personnel qui interroge sur la formation possible des femmes, l’accès au statut reconnu d’artiste et leur visibilité dans un univers dominé par la figure masculine.

Dans le patio du musée, le parcours se fait en 5 étapes : du modèle à l’artiste, les débuts : dessins et gravures, le nu, natures mortes et paysages, portraits : familiaux, amicaux et professionnels

Devenir modèle fut pour elle le moyen de subvenir à ses besoins mais ce travail lui a permis  d’entrer dans le monde artistique, de rencontrer des peintres reconnus pour lesquels elle a posé : Jean-Jacques Henner, Auguste Renoir ou Puvis de Chavannes, ce fut pour elle un véritable apprentissage, elle a appris en écoutant, en observant.

Cette exposition présente aussi des tableaux des peintres qu’elle a côtoyés. Le tableau de Puvis de Chavannes La toilette ou femme à sa toilette rappelle les longs cheveux blond vénitien de Suzanne Valadon qui a posé 7 ans pour ce peintre. Un très beau et émouvant portrait de « Maria » Valadon par Toulouse Lautrec côtoie des dessins de Suzanne, Suzanne un prénom qu’elle doit à Toulouse Lautrec qui l’avait comparée à la figure biblique de Suzanne. Une œuvre de Suzanne Valadon L’acrobate ou la roue est empreinte du graphisme de Toulouse Lautrec.

En 1894, elle sera la première femme artiste à exposer des dessins au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts.

Elle commence la peinture en 1890 et dix ans plus tard, le nu est central dans sa création. Le modèle vivant était la base de l’enseignement artistique par excellence, elle  l’a revisité, loin de l’idéalisation et des convenances.

Plus tardivement apparaîtront des natures mortes et des paysages, puis des portraits de son entourage : famille, amis, marchands, critiques et collectionneurs, sans oublier des portraits d’anonymes comme cette figure féminine sur le tableau de La chambre bleue qui revisite le thème de l’odalisque.

Suzanne Valadon fut une artiste et une femme éminemment indépendante, dans sa vie comme dans sa création qui ne s’inscrit pas dans un mouvement particulier, elle est une figure artistique emblématique de ces femmes libres et modernes.

Une exposition initiée par le centre Pompidou-Metz du 15 avril au 11 septembre 2023.

Exposition 27 octobre- 11 février 2024 Musée d’Arts de Nantes

Cette exposition sera présentée du 19 avril au 1 septembre 2024 à Barcelone au Museu  Nacional d’art de Catalumya.

Suzanne Valadon (1865-1938) décédée le 7 avril 1938 est inhumée au cimetière de Saint-Ouen en présence de Georges Rouault, Pablo Picasso, André Derain, Max Jacob…

Autour de l’exposition :

Concert 25 janvier à 12h30 en partenariat avec le Conservatoire de Nantes, répertoire des œuvres de Erik Satie pour voix et piano et pour piano seul.

Concert 28 janvier à 11h30 et 16h Chiara Iacovidou ( piano ) Blandine Chemin (violon).

Atelier pour enfants 20 janvier 15h à 16h30

Atelier pour adulte 1 février 19h15