Van Gogh, La Nuit Étoilée

Par Elsa Kaminski

Van Gogh à la pointe de la technologie !

Franc-tireur de la modernité, Vincent Van Gogh peint en marge de son temps, donnant aux sujets une image plus visionnaire que leur simple apparence. Il révèle son monde intérieur tout en ouvrant une fenêtre sur celui de l’extérieur, animant des fleurs, un lit, un café, la vie silencieuse.

L’exposition de l’Atelier des Lumières offre ainsi un fascinant exemple du relief de son œuvre, dans un espace où les couleurs s’intensifient et les coups de pinceaux se démultiplient. Produite par Culturespaces et réalisée par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, cette gigantesque projection, où la moindre parcelle de mur est recouverte par la vitalité colorée du peintre néerlandais, nous propose un programme visuel qui coopère en puissance avec la musique, nous plongeant dans une palette infinie.

L’expression brûlante du Semeur au soleil couchant peint à Arles en 1888,  annonce ainsi la couleur en se mêlant avec justesse au rythme enflammé de Kozmic Blues de Janis Jopin.

Défilent alors paysages, nuits étoilées, tournesols et portraits sur des fonds sonores classiques, contemporains, pop, où chaque geste du peintre atteint son paroxysme. En effet, si l’échelle démesurée des toiles projetées dévoile le moindre détail, cette précision n’enlève pourtant rien à l’harmonie de la composition. Par des jeux subtils d’animations les personnages de la Terrasse du café prennent vie, les barques aux Saintes-Maries sont portées par un courant imaginaire et les corbeaux du Champ de blé s’envolent dans un ciel sombre et nuageux. Le spectateur devient alors un véritable figurant dans cet immense spectacle.

De plus, par la suite, la projection conjugue habilement cette première contemplation avec la poésie japonaise par un second film intitulé Japon rêvé, images du monde flottant,  réalisé par le Studio Danny Rose. Les décors nous rappellent ainsi naturellement l’enthousiasme qu’avait le peintre du XIXe siècle pour les estampes japonaises qui tapissaient sa chambre à Anvers.

A pousser aussi loin dans l’art de Van Gogh, l’Atelier des lumières éclaire et dilate les dimensions profondes de sa peinture énigmatique. Immergé dans un vaste programme d’investigations chromatiques, le visiteur reste alors ébloui par cette création multidimensionnelle qui abolit subtilement les frontières entre l’art et la technologie.

Atelier des Lumières, Centre d’art numérique,
Du 22 février au 31 décembre 2019.