Lettres

Yunbo et Daniel Bart

Youbo est peintre après avoir été professeur d’Anglais. Elle est aussi la petite fille, sur la couverture du livre.
Daniel est cinéaste et theâtreux. C’est également un homme de télévision, coordinateur général des Césars, des 7 d’or et des Molières.
Bō est leur premier roman. Je les ai rencontrés au Sélect et nous avons passé u

n moment de partage, à la fois émouvant et joyeux.
Dans ce récit, les souvenirs surgissent de la mémoire de Yunbo. Même si la petite fille est aujourd’hui devenue grande, elle conserve cette petite flamme d’innocence qui émane du regard des enfants.

Elle se souvient surtout de ses colères, face à l’injustice de l’exil, de la séparation. Son père était journaliste, sa mère chef de bureau, donc suspects.
Ce livre nous fait grâce de la violence des sévices infligés par Mao, même si en filigrane, on peut entendre la petite musique assourdie d’un silence retentissant!
Extrait:
« Alors je me suis mise à pleurer dans l’odeur de tabac des cheveux de maman. Tout avait changé, la ville était en état de siège, nous nous frayions difficilement un chemin au milieu de la foule grouillante et hurlante. Des attroupements particulièrement denses se formaient autour des hauts parleurs qui diffusaient les dernières instructions venues d’en haut. Les dazibaos à moitié arrachés des murs où ils avaient été collés jonchaient le sol par centaines. Des leaders politiques débitaient des discours incompréhensibles, car les slogans sur la lutte des classes, les cris, les chants, les musiques, couvraient leurs voix ».
J’ai ressenti et apprécié la nécessité de plonger en immersion dans ce paragraphe douloureux de la Chine, au travers des mots de Yunbo, colorés à l’encre la plume de Daniel Bart.
À lire et à offrir absolument.
Éditions Descartes & Compagnie
10
14
Mylène Vignon