Grand Palais aujourd’hui
Par Henri-Hugues Lejeune
Comme tout un chacun, voici longtemps que je n’étais « sorti », tant l’attention s’était portée sur les conditions individuelles de vie, soyons simples, depuis tant de mois les lapins que nous sommes s’étaient réfugiés dans leur terrier ne mettant le nez dehors que s’ils y étaient forcés.
Mais peu à peu la vie s’efforce de prendre un rythme normal et nous avons suivis, bien heureux au fond de le faire et à peu près disciplinés pour une fois.
Les Galeries de leur côté se sont empressées de rouvrir au point de se conformer à un régime à peu près standard de plus vastes espaces possibles badigeonnés de blanc cruel et munies d’un éclairage le plus intense possible !
Ainsi en a-t-il été aussi d’ART PARIS qui ouvrit ses portes le 8 septembre, donnant le signal du départ ainsi que du Centre Pompidou, dès le 6, avec la très intéressante exposition O’ Keefe, dont je vous confierai séparément mes « impressions ».
ART PARIS cette année était d’autant plus insolite qu’il avait fallu, à cette manifestation essentielle, dégoter un emplacement puisque le Grand Palais a entrepris de son côté de vastes rénovations et a dû se loger dans l’espace érigé comme un triste emplâtre sur l’esplanade de l’Ecole Militaire obstruant la perspective du Champ de Mars, de la Tour Eiffel et du Trocadéro. Comme il est de tradition en France, chacun des deux partenaires a dû se reposer sur l’autre quant à l’aménagement encore inédit d’un tel espace à cette fin.
Ceci dit, cette morphologie est ce qu’elle est, un peu improvisée donc (pas de bancs, pas d’espaces prévus, peu d’atmosphère, eh bien : entrons…
Si on a tendance de nos jours à les dépouiller de tous les artefacts qui pouvaient les encadrer ou les faire valoir, interdire pratiquement aux « galeristes » de mettre leurs offres en décor, les artistes n’en ont pas moins relevé le défi avec brio souvent, avec des couleurs et des formes de leur propre fait, et de clamer l’univers et le climat qui sont les leurs, et leur volonté de les exprimer.
L’un des stands, d’une galerie importante, avait eu la coquetterie de consacrer l’ensemble de sa prestation à Picasso, qui pouvait ainsi considérer l’aboutissement de son triomphe, son monde et la conception qu’il en pouvait avoir, qu’il avait gagné pour de bon.
A ma sortie je me suis rendu compte que mon entière visite s’était contentée, ou moi plutôt qu’il m’avait suffi, que je m’étais repu de cette vision globale et que le mieux après tout était de demeurer sur cette impression et de m’en contenter si tel était aujourd’hui mon sort : cette perméabilité un peu impersonnelle. Nous verrons ce qu’il en est exactement : d’autres manifestations sont ici prévues, sur plusieurs années.
Par contre une merveilleuse surprise vous guette aussitôt que votre sortie vous restitue à l’espace : vous bénéficiez à la sortie sur ce merveilleux espace au beau milieu de cette perspective unique entre l’Ecole Militaire refaite et en forme tapie à l’extrémité de son « campus » un peu énigmatique et mystérieux dont je sais quelques recoins et prolongeant l’esplanade la Tour Eiffel à une distance optimale puis le Trocadéro en perspective, tant se retrouvait de la vie de Paris en cette jolie journée d’un été qui avait été jusqu’ici quelque peu languissant.