Histoire du cinéma polonais de Tadeusz Lubliński
Par Sergiusz Chądzyński
Le cinéma polonais présent dans le paysage culturel français n’avait pas eu jusque-là une documentation, qui donnerait une vision de toute sa production, allant du film d’animation ou documentaire au film de fiction, digne de ce nom.
Pour être plus précis, deux livres faisaient référence dans ce domaine, l’un écrit par Jacek Fuksiewicz, Le cinéma polonais, 1989, l’autre de Bolesław Michałek sous le nom éponyme, édité en 1992. C’étaient les seuls ouvrages qui nous dessinaient l’image du septième art polonais. Si l’on y ajoute des articles, parus dans la presse spécialisée, nous aurons à peu près toute la source. Les informations concernant la période de 1989 jusqu’aujourd’hui ont été plutôt succinctes ou ponctuelles.
Pourtant, le film polonais des dernières années trouve toujours sa place dans la distribution en France et les noms tels que : Andrzej Wajda, Agnieszka Holland, Krzysztof Kieślowski, Roman Polański ou récemment Paweł Pawlikowski sont connus du public français.
Heureusement, ce manque vient d’être comblé par Histoire du cinéma polonais, aux éditions « Presses Universitaires du Septentrion » 2017, née sous la plume savante de Tadeusz Lubliński, un de plus grands spécialistes en la matière, professeur de l’Université Jagellonne de Cracovie.
La session consacrée à cet ouvrage dans les locaux de La Sorbonne, organisée le 25 octobre 2017 par le Centre de civilisation polonaise avec le concours bienveillant de l’Institut polonais, a bien démontré le caractère exceptionnel du livre qui élargit l’étendu chronologique du sujet, car l’histoire commence en 1895, avec les premières images tournées à Cracovie et se termine dans les années 2010-2013, l’aspect transverse permettant aux lecteurs d’associer les informations encyclopédiques à une trame tissée de liens, d’influences et de relations subtiles entre les cinéastes, les acteurs, leurs œuvres et leurs écoles. Le contenu est enrichi par les notes à la fin de chaque chapitre, par une très riche bibliographie, et deux indexes, celui des films et l’autre des auteurs couronnent l’œuvre ce qui permet aussi la lecture « ciblée ». L’auteur, en personne, a aussi donnée son grain à moudre en expliquant tous les tenants et aboutissants du cinéma polonais après la deuxième guerre mondiale et la complexité de bien le présenter aux lecteurs, étant donné toutes les circonstances politiques et tous les changements survenus durant la dernière cinquantaine d’années. Nous devons saluer au passage une excellente prestation des invités, du modérateur de la session Kinga Callebat, professeur de la littérature polonaise à la Sorbonne et des animateurs : Ania Szczepańska, maître de conférences en Histoire du cinéma et Mathieu Lericq, de l’Université Aix-Marseille.
Le livre de Tadeusz Lubliński est, à notre avis, un ouvrage indispensable pour tout amateur francophone du cinéma polonais.