Jeanine Warnod – La p’tite Dédée ou l’Amour en dessins
Par Mylène Vignon
Suite à son précédent livre Fille de Pères, consacré tant à son père biologique qu’à ses pères de parcours, Jeanine Warnod, nous emmène à la découverte de sa mère, dite La p’tite Dédée, à l’aune d’une fabuleuse histoire d’amour racontée en dessins. Jeanine Warnod, après une longue carrière de critique d’art au Figaro, nous confie en partage, ses photos jaunies retrouvées dans les tiroirs, ainsi que de nombreux croquis inédits, adressés par son père à son épouse à chaque fête d’anniversaires, au travers de périodes marquées de séparations, parfois occasionnées par la guerre. Un témoignage sociologique désormais gravé dans le marbre, teinté d’humour et d’émotion, qui nous cueille au plus profond.
Andrée Warnod, la p’tite Dédée, alias Christiane, pour éviter toute confusion avec l’œuvre de son mari André, fut une artiste peintre qui laisse manifestement une œuvre ! Elle avait reçu dans la résidence familiale de la rue Caulaincourt à Montmartre, les plus grands peintres et sculpteurs en devenir, venus du monde entier, en ce début de vingtième siècle. Ces artistes ont fait l’École de Paris, mouvement lancé par André Warnod.
Les pots de fleurs de ma mère, ne sont pas que des bouquets, ils expriment un vrai jaillissement ! Explique Jeanine, entourée de ses tableaux de paysages et de fleurs, étonnants de fraîcheur conservée.
Les tableaux de Christiane-Andrée Warnod, ont été exposés dès 1934, dans les musées, les grands salons et les galeries renommées de Katia Granoff et de Robert Nacenta.
Extrait de la P’tite Dédée ( page 75 )
J’arrive
J’ai failli naître dans le velours rouge d’un fauteuil de théâtre sous les applaudissements d’un public riant encore des effets cocasses d’une comédie de boulevard. J’aurais pu sortir le bout de mon nez au milieu du somptueux réveillon donné par Georges Berr et sa femme toujours délirante. Là, j’aurais été noyée dans les écumes de Champagne, aveuglée par les étoiles filantes, enrobée de cotillons, balayée par les branches de sapin, étouffée par les paquets cadeaux.
Pour annoncer ma naissance, Poulbot m’a dessinée sortant d’un chou, comme si j’étais un garçon (…)
« Ce livre de 184 pages en couleur, raconte avec verve et humour, sous forme d’autobiographie, un siècle dans le monde du théâtre et des arts.
Née à Paris le 15 décembre 1921, Jeanine Warnod connaît dès son enfance les peintres et poètes que son père fréquente au temps glorieux du Lapin Agile et du Bateau Lavoir. Dans les années 20, le maquis est son terrain de jeu parmi les gamins dessinés par Poulbot. Après la deuxième guerre mondiale, elle devient journaliste. En 1960, elle entre au Figaro dans la rubrique des Arts et des Spectacles que dirige André Warnod et y reste jusqu’en 1995. Elle collabore à de nombreuses revues, munie de sa carte professionnelle. À partir des archives paternelles, elle écrit en 1975 Le Bateau Lavoir, qui lui vaut le prix d’ouvrage de l’académie des Beaux-arts, de même que plus tard Suzanne Valladon.
La Ruche et Montparnasse, reflète le vécu des artistes qui lui ont raconté leurs débuts. Son livre sur Vuillard reçoit le prix Elie Faure en 1989.
Commissaire d’expositions de 1975 à 1998, d’abord au musée Jacquemart-André sous la présidence de René Huygue, puis au Salon d’Automne et dans les musées français et japonais, elle poursuit aujourd’hui le récit de ses souvenirs de l’École de Paris à Fille de Pères, lequel deux fois réédité par Philomuse, a reçu un accueil chaleureux.
La p’tite Dédée où L’Amour en dessins en est le complément, témoignant d’un siècle d’une vie riche en rencontres ».
Prix du livre 20 euros (librairie Area 39 rue Volta Paris 3e le jeudi, vendredi et samedi de 14h à 19h)
Livre + frais de port : 28 euros