Lettres

Yolanda Podejma-Eloyanne

Le brouillard m’effaça

Ce nouveau recueil est aussi flamboyant que le précédent. Yolanda Podejma-Eloyanne nous entraîne sur la rive du sensible comme jamais. Les mots s’envolent, graves. Ils ont la grâce des oiseaux de mer. Des mots d’amour pour la vie. Des mots que l’on aurait aimé avoir écrit. Sauf que ce n’était pas possible, tant nos propres acuités son peu développées, pauvres et silencieuses. Texte intégral

Les coups de cœur de la rédaction

Par Mylène Vignon

Saisons de Culture a retenu pour vous ces trois titres : L’Hotel des «Passants». Un incroyable roman de Frédérique Lombard Morel, qui nous plonge dans l’univers du fantasme que connaissent de nombreuses femmes.  Comment faire quand on porte le désavantage d’un physique plus qu’ingrat, pour attirer à soi l’amour d’un homme ? Texte intégral

Jean Paul Guedj – Journal Maximal 2

Par Mylène Vignon

Dans ce recueil que je découvre sur mon ordinateur pour une probable future lecture, Jean-Paul Guedj, en trublion de la poésie, ne retient certainement pas ses intarissables pamphlets. Il a durant quelques trop courtes années,  tenu d’une main de maestro, une chronique de poésie saisonnière dans notre rubrique consacrée aux lettres, que vous pouvez tous retrouver sur le site : www.saisonsdeculture.com . Texte intégral

Anna Aussure – La Chine sans masque

Par Mylène Vignon

Anna Aussure nous fait le cadeau de ce précieux livre-reportage, dont l’esthétique de la reliure rappelle la couleur emblématique de la Chine. Ses photos illustrent avec brio les textes qui les accompagnent. L’écriture libre et vagabonde, se teinte souvent d’une pointe d’humour. Présentant un survol de la société chinoise d’aujourd’hui, à la fois héritière de son passé et à l’avant-garde du monde de demain, Anna nous conte à sa manière, l’histoire de ce lointain pays aux mystérieuses dynasties. Des rues mouvementées de Shanghai à la Grande Muraille, en passant par la Cité Interdite ou encore la romanesque Suzhou, ville des canaux sœur jumelle de Venise, l’auteure nous conduit à la rencontre de personnages hauts en couleur, photographiés avec bienveillance, le plus souvent à leur insu selon les règles de la street photography, qui lui sont chères. Anna Aussure, née Tepli, a vu le jour en Pologne à Varsovie. Après avoir traversé la période post-stalinienne dans son pays, poursuivant une quête de vérité et de savoir, elle entreprend des études de droit à l’Université de Varsovie. Mais ses rêves de justice envolés, elle décide de fuir vers Paris, pour y étudier le français. Après son diplôme à Sciences Po, elle a travaillé dans la publicité pour plusieurs journaux. Passionnée de création artistique, elle se plonge dans l’aquarelle, le dessin, la musique et la céramique avant de faire de la photographie son violon d’Ingres. La Chine sans masque d’Anna Aussure, est un livre d’artiste captivant, qui a nécessité une recherche très précise. La mise en page a été réalisée avec le talent d’assemblage de Jerzy Neumark. Recommandé par Saisons de Culture, cet ouvrage protégé sous coffret, tiré à 290 exemplaires est paru en 2021. Nous contacter www.saisonsdeculture.com    

Nos rêves sont toujours vrais, « Les belles canapéennes »

Par Catherine Murgante

Plasticienne, poétesse, conteuse, écrivaine, Mylène Vignon réalise "Les belles Canapéennes", œuvre composée de collages et didascalies au printemps 2022, à la suite des confinements. Elle nous offre un récit d'images et de mots fait de songes, de réminiscences, où elle assemble des corps, des fragments de vie qui font naître les pensées. Dans cet ouvrage dédié à ses amies convalescentes, l'écriture, est à la fois lien, respiration, présence. Texte intégral

Grand Palais aujourd’hui

Par Henri-Hugues Lejeune

Comme tout un chacun, voici longtemps que je n’étais « sorti », tant l’attention s’était portée sur les conditions individuelles de vie, soyons simples, depuis tant de mois les lapins que nous sommes s’étaient réfugiés dans leur terrier ne mettant le nez dehors que s’ils y étaient forcés. Mais peu à peu la vie s’efforce de prendre un rythme normal et nous avons suivis, bien heureux au fond de le faire et à peu près disciplinés pour une fois. Les Galeries de leur côté se sont empressées de rouvrir au point de se conformer à un régime à peu près standard de plus vastes espaces possibles badigeonnés de blanc cruel et munies d’un éclairage le plus intense possible ! Ainsi en a-t-il été aussi d’ART PARIS qui ouvrit ses portes le 8 septembre, donnant le signal du départ ainsi que du Centre Pompidou, dès le 6, avec la très intéressante exposition O’ Keefe, dont je vous confierai séparément mes « impressions ». ART PARIS cette année était d’autant plus insolite qu’il avait fallu, à cette manifestation essentielle, dégoter un emplacement puisque le Grand Palais a entrepris de son côté de vastes rénovations et a dû se loger dans l’espace érigé comme un triste emplâtre sur l’esplanade de l’Ecole Militaire obstruant la perspective du Champ de Mars, de la Tour Eiffel et du Trocadéro. Comme il est de tradition en France, chacun des deux partenaires a dû se reposer sur l’autre quant à l’aménagement encore inédit d’un tel espace à cette fin. Ceci dit, cette morphologie est ce qu’elle est, un peu improvisée donc (pas de bancs, pas d’espaces prévus, peu d’atmosphère, eh bien : entrons... Si on a tendance de nos jours à les dépouiller de tous les artefacts qui pouvaient les encadrer ou les faire valoir, interdire pratiquement aux « galeristes » de mettre leurs offres en décor, les artistes n’en ont pas moins relevé le défi avec brio souvent, avec des couleurs et des formes de leur propre fait, et de clamer l’univers et le climat qui sont les leurs, et leur volonté de les exprimer. L’un des stands, d’une galerie importante, avait eu la coquetterie de consacrer l’ensemble de sa prestation à Picasso, qui pouvait ainsi considérer l’aboutissement de son triomphe, son monde et la conception qu’il en pouvait avoir, qu’il avait gagné pour de bon. A ma sortie je me suis rendu compte que mon entière visite s’était contentée, ou moi plutôt qu’il m’avait suffi, que je m’étais repu de cette vision globale et que le mieux après tout était de demeurer sur cette impression et de m’en contenter si tel était aujourd’hui mon sort : cette perméabilité un peu impersonnelle. Nous verrons ce qu’il en est exactement : d’autres manifestations sont ici prévues, sur plusieurs années. Par contre une merveilleuse surprise vous guette aussitôt que votre sortie vous restitue à l’espace : vous bénéficiez à la sortie sur ce merveilleux espace au beau milieu de cette perspective unique entre l’Ecole Militaire refaite et en forme tapie à l’extrémité de son « campus » un peu énigmatique et mystérieux dont je sais quelques recoins et prolongeant l’esplanade la Tour Eiffel à une distance optimale puis le Trocadéro en perspective, tant se retrouvait de la vie de Paris en cette jolie journée d’un été qui avait été jusqu’ici quelque peu languissant.

Anachronique du flâneur N°30

Marc Albert-Levin

Interdit d’interdire L’un des plus mémorables slogans de mai 68 fut sans doute « Interdit d’interdire ». Il résonne dans ma tête comme un merveilleux idéal de liberté individuelle et collective.. Et bien qu’il soit sans aucun rapport avec le texte qui va suivre, qui pourrait m’interdire de le prendre pour titre de cette 30e anachronique du flâneur, dans laquelle je ne censure rien de ce qui me passe par la tête ? Texte intégral

La Tempête Alex, un pont sur le futur

Un récit de témoignages écrit par Anne DÔRR

Comment le futur peut-il s’écrire quand tout s’effondre? Ils sont Breillois et ont vécu la tempête Alex. Ils sont bénévoles et sont montés dans la vallée pour aider. La solidarité sera le point de départ de nouveaux chemins, Voici le récit et de leurs témoignages communs. Le 2 octobre 2020, la vie s’effondre pour des milliers d’habitants des vallées de l’arrière pays niçois. La tempête Alex a décimé la région. Par une voie des hasards, en tant que bénévole, je rencontre Jean-Marc puis Marie-Noëlle dont la maison à Breil-sur-Roya a été fortement endommagée et plus tard, Pomme et Rose. Tous, d’une manière ou d’une autre, sont victimes de la catastrophe climatique. Cette voie va en croiser d’autres, celle de bénévoles comme Wilfrid. Au fil des semaines et des mois, une relation va se tisser entre nous tous qui va faire renaître des espoirs et des rêves, et dépasser les épreuves. Un de ces rêves est de faire renaître ensemble un festival endormi depuis quelques années telle la belle au bois dormant, le Festival des Voix et des Merveilles. Ce récit n’est pas un conte de fée. Il est l’histoire d’une toile d’araignée dont les fils sont des personnages qui forment ensemble une toile tissée comme un catch dream. Ces objets en forme de cercle que les Amérindiens mettent dans leur chambre pour attraper leurs rêves… Ce récit est écrit à partir de témoignages bien réels, de coups de cœur, de larmes. Il porte ici, dans ces temps difficiles où croire en l’humanité est déjà un défi, une voix universelle, celle de la solidarité et de l’amitié qui nous a semblé une évidence. Nous sommes tous reliés ensemble, c’est l’effet papillon. Ce qui arrive à l’un, a des conséquences sur l’autre. Alors, entre le passé et le futur, quel pont allons-nous reconstruire ? Biographie de l’autrice Anne Dörr Autrice, réalisatrice & fondatrice de Question de coeur Anne Dorr est autrice réalisatrice principalement de documentaires de télévision depuis plus de 20 ans après un passage en réalisation sur des émissions de variétés, des jeux comme Fort Boyard. Ses films racontent le monde et ses beautés, et témoignent d’histoires extraordinaires, celles qui redonnent force et courage. Elle porte particulièrement dans son cœur, le premier documentaire qu’elle a réalisé sur Salvatore Adamo, Célèbre et méconnu, un grand humaniste méconnu sous ce trait là, ainsi que celui sur Gilbert Montagné « Gilbert, le visionnaire », où il se confie sur la façon dont il a fait de son handicap une force. Deux film qui sortent des entiers battus et qui dévoilent d’autres aspect des ces célébrités. Dans d’autres films, Anne Dorr est partie à la rencontre d’inconnus qui faisaient de leur vie, une histoire universelle. Quel courage trouve t-on derrière les pompiers du GRIMP de Paris ? Ou derrière des chefs cuisiniers qui passent le concours du M.O.F (meilleur ouvrier de France)? Influencée par André Malraux, engagée convaincue que la culture et l’art apportent une influence positive et constructive sur chaque être humain et sur la société. Anne Dorr a créé sa propre association culturelle Question de Cœur qui a pour vocation de promouvoir des œuvres et actions culturelles à but humaniste. Elle est aussi au Conseil d’administration de la Sacem. Pour une fois, ce récit n’est pas un récit qu’elle a suivi pour son travail. Elle l’a vécu sans l’idée d’en faire un film. Mais l’aventure terminée, l’envie de témoigner est revenue au galop. Et cette fois, elle est protagoniste parmi les protagonistes. Prix : 6,90 € Rencontre dédicace à la galerie Terrain Vagh 24 rue des Fossés Saint-Bernard - 75005 Paris Le samedi 16 octobre de 16h à 18h

Christian Bobin, de l’autre côté du monde

Par Catherine Murgante

L'écrivain, poète, Christian Bobin s'est éteint le 23 novembre 2022 à l'âge de 71 ans. Ce grand romancier contemporain est l'auteur d'une œuvre importante, faite d'une soixantaine de romans, d'essais, et de recueils de poèmes. Christian Bobin, artisan de l'écriture, travaillait au feutre et aux ciseaux car "il ne faut conserver que l'essentiel et beaucoup couper. Il faut écrire droit", disait-il. Le poète nous rappelait que la pensée est "scintillante" et puisée à la source du cœur, mais que cette pensée, scintillante, peut devenir brûlante. "La pensée, c'est l'ouverture de quelque chose en nous, voire le sentiment d'être fracturé. C'est ce qu'on appelle la beauté, la surprise d'être devant quelqu'un, un visage qui s'avance et qui est comme l'annonce de quelque chose". Texte intégral

« Sœurs de sable » : le dernier opus de Stéphane Héaume

Par Cybèle Air

Ouvrir un livre de Stéphane Héaume, c’est renouer avec le mystère, c’est aimer flotter dans un monde scellé. Les clés se cachent elles aussi, dans la fugacité du temps, et des sensations. Jaune, Rose, Vert. Et la lune rouge, la mer ourlée de bleu. L’écho, le bruit du vent, la musique des mots et des images scandent la lecture : la lune rouge, celle du Salomé d’Oscar Wilde et de Richard Strauss ? Car il s’agit de crime, et de sensualité dans Sœurs de sable. Texte intégral

Un nouveau riche et son musée
La maison de Rubens

Par Henri-Hugues Lejeune

Voici que, de la Flandre Occidentale, traversant la Belgique, nous parvenons à la trépidante Anvers, la ville la plus « active » du pays ? Cinq kilomètres dans ce pays obstinément composite métamorphose l’environnement : rien n’y est jamais semblable. J’avais pour ma part un très ancien passé anversois de séjours familiaux et de longues promenades solitaires et exploratrices dans tous les coins possibles et imaginables. C’était le lieu d’origine aussi de ma grand-mère paternelle, de mes racines belges où vivaient deux des cousins germains de mon père, mes oncles à la mode de Bretagne. L’aîné d’entre eux était un grand collectionneur de peintres flamands anciens de renommée internationale : je logeais chez son frère cadet, contemporain et ami de mon père dont la jolie fille, un peu sotte l’appelait « Le Primitif » ce qui était un contresens flagrant. J’avais fait chez lui quelques pèlerinages respectueux afin qu’il puisse me les faire admirer à son aise : il m’avait fermement indiqué une visite à la Maison de Rubens comme un pèlerinage indispensable et de toute façon je n’aurais eu garde de ne pas me plier à son injonction. Quoique orgueil de la ville elle était alors fort délaissée mais nul ne s’en préoccupait vraiment : la culture ne figurait pas alors dans les rouages politiques municipaux de par toute l’Europe d’alors, et spécialement en Belgique où les gens sont réalistes au point d’en être terre-à-terre ! Mon oncle devait je crois devenir bientôt très actif parmi les « Amis de la Maison de Rubens » qui entreront en action pour mettre la pression sur la rénovation de ce joyau local. J’avais donc en surimpression la distante mémoire que j’avais pu en conserver il y a plus de septante ans comme on disait encore là-bas si l’on se souciait encore d’y parler français. Plus aisément à Anvers qu’ailleurs car ici l’on n’y mettait aucune hargne : on avait autre chose à faire. Un souvenir m’avait dominé, passées les nombreuses pièces d’une vaste maison Renaissance, classique, bourgeoise ou seigneuriale, bourgeoise sans doute car destinée à servir à quelque chose :héberger et permettre à son occupant d’exercer sa prestigieuse activité, ce vaste espace consacré à l’atelier, qui m’avait fait songer à une sorte d’amphithéâtre ou la scène d’un théâtre proprement dit où dans mon imagination le Maître, assisté de ses plus proches collaborateurs, dominait un espace de travail où s’activaient les petites mains de la vaste entreprise de peinture qui dominait la scène artistique qui lui était contemporaine. Cette vision se vit corroborée, mais peut-être pas dans l’optique un peu sommaire qui avait été la mienne. Mais le vaste ensemble que la « Maison de Rubens » contemporaine tente de rétablir, de consolider et de faire vivre était alors complètement en pointillé s’il est toutefois vrai que je n’avais pas envisagé bien sérieusement de réagir comme aujourd’hui à l’égard de ce que je voyais là. Les visiteurs actuels sont mis en face au plus près possible de celle qu’il avait conçue et réalisée car il l’avait menée de bout en bout telle qu’il l’avait souhaitée en 1610 dans cet idéal « Renaissance » qui était le sien. Nul n’envisageait alors l’idée d’une « période Renaissance » afférente au XVIème siècle par rapport à un « classique » XVIIème ! Rubens a voulu, en 1610, ériger à Anvers, à son usage, un palais à l’Italienne correspondant à ses souhaits, à ses plans, à sa taille, et voilà ce qu’il en est.

Anachronique du flâneur N° 29

Par Marc Albert-Levin

Par quel mystère certains fragments de ma mémoire survivent-ils à tout ? A l’épouvantable entonnoir-éteignoir du temps qui me rend (est-ce un atout ?) indifférent à tout ? A l’invasion des punaises de lit et aux pulvérisations chimiques qu’elles entraînent après avoir contraint mes amis Caramel Louis et Sanfroid Gitan à mettre tous mes livres et papiers dans des cartons … Pourquoi certains petits bouts de papiers parviennent-ils à ressurgir tout d’un coup sous mes yeux alors qu’y restent accrochés (pour moi, mais sans doute pour moi seul tant que je ne prends pas la peine de vous les décrire) tant de souvenirs bien vivaces ? Texte intégral