Isa Sator
Les grandes cocottes
Qui mieux que la sensuelle Isa Sator, égérie des artistes et peintre de talent, pouvait à ce point représenter la beauté particulièrement appréciée de ces femmes mystérieuses, libres et extravagantes, qui ont donné à l’histoire de France, ce petit supplément d’âme qui en fait tout le charme et plus encore.
Cet été 2017, l’Orangerie du Sénat accueillait durant deux semaines cette exposition exceptionnelle, alors que Saisons de Culture prenait ses congés aoûtiens. Nous avons cependant décidé, quand bien même tardivement, de ne pas laisser sous silence une aussi flamboyante initiative, qui a réuni tant de visiteurs costumés ou étonnés, dans le cadre romanesque du Jardin du Luxembourg.
Comme nous les aimons, ces cocottes qui ont souvent accompagné nos Présidents, parfois jusqu’à leur dernier soupir… de plaisir!
Qu’elles se nomment Liane de Pougy, dite la scandaleuse étoile des Folies Bergères, qui a entretenu une correspondance avec Cocteau, Emilienne d’Alençon l’une des Trois Grâces de la Belle Époque, qui séduisit Léopold le de Belgique, La Belle Otero, danseuse exotique au Moulin Rouge, qui sera plus de dix ans la maîtresse du Ministre Aristide Briand et fera tourner bien des têtes chez ces messieurs de la haute société, d’où son surnom: la sirène des suicidés, Matha Hari, qui apprendra la danse érotique à Java. Depuis le musée Guimet, où elle exercera son art, levant le tabou sur la nudité, elle deviendra par le hasard des rencontres la plus célèbre des espionnes. La Païva, née à Moscou, qui grâce à un compagnon de route musicien, rencontrera Frantz Litz, Wagner, puis Théophile Gauthier et plus tard deviendra le maîtresse d’un riche cousin du Chancelier Bismarck. La Goulue, muse du peintre Henri de Toulouse Lautrec et égérie haute en couleurs du Moulin Rouge, Elisabeth Steinheil, associée à la fin très émotionnelle du Président Félix Faure, Jeanne Duval, qui influença Charles Baudelaire pour ses plus beaux poèmes, Valtesse de la Bigne, qui posera pour Corot, Manet et qui insufflera à Edmond de Goncourt l’héroïne de son roman » Chérie « , Cora Pearl qui entretiendra des relations avec le Prince Murat et le duc de Rivoli et que l’on nommera « la grande horizontale », Blanche d’Antigny, qui posera pour « La femme aux bijoux » de Gustave Courbet et dont la fin, inspirera Émile Zola pour la mort de Nana. Cléo de Mérode, l’éternelle jeune fille, qui fut d’abord petit rat de l’Opéra et qui conservera le mystère sur sa vie privée. Mistinguett, la miss du Music – Hall, dite la « femme aux divines gambettes », qui imposera au Moulin Rouge les plumes et les paillettes, toujours d’actualité aujourd’hui, ou encore Sarah Bernhardt, qui entretiendra des rapports intimes avec plusieurs députés et que l’on retrouvera au théâtre, incarnant de nombreux rôles avec cette incantation unique. Elle inspirera Alexandre Dumas.
Toutes ces grandes horizontales sont aujourd’hui aussi célèbres qu’adulées, y compris l’incontournable Nana si bien incarnée par Zola.
Elles sont dans nos cœurs depuis toujours et nous cultivons en héritage ce grain de folie tendrement glamour, comme un grain de beauté posé sur un décolleté délicieusement provoquant. Fussent elles hiératiques ou froufroutantes, garçonnes ou infantes, favorites ou espionnes, Comtesses ou danseuses, cantatrices ou encore comédiennes, vénales ou vestales, elles diffusent dans la mémoire collective les effluves d’un parfum sulfureux, pour notre plus grand plaisir.
Cet été elles nous sont revenues fortes et rebelles, magnifiées par la palette sensuelle et les pinceaux magiques de la divine Isa Sator, peintre de la figuration libre, dans la lumière de ce cadre historique situé au cœur du Jardin du Luxembourg à Paris.
Souhaitons que cette galerie de Portraits trouve prochainement une autre place de choix à Paris ou ailleurs, pour notre plus grande joie. Nous ne manquerons pas de vous en informer.
Site: www.isa-sator.com
Contact: isasator@hotmail.com
Photos Alain Bacouel et Laurent Lô
Mylène Vignon