Jacques- Marie Ponthiaux
Entretien avec Mylène Vignon
Jacques-Marie met son talent de communicant au service de la création et du savoir. Il a intégré Saisons de Culture dès l’année 2011. Membre de notre conseil d’administration, lorsque son emploi du temps le lui permet, il nous rejoint au premier étage du Café de Flore et participe à nos comités de rédactions.
Entretien :
Jacques – Marie, quand et comment as-tu débuté ta carrière d’attaché de presse ?
Dans les années 80. À l’époque je travaillais dans l’évènementiel et comptais parmi mes amis quelques artistes et musiciens. Passionné par ce milieu et désireux d’y trouver ma place, je m’étais laissé convaincre de créer une édition musicale. Afin assurer la promotion des œuvres qui m’étaient confiées et surtout générer des droits, j’avais choisi de m’investir, en complémentarité des maisons de disques, dans la promotion discographique. C’était le début des années FM, un grand nombre de radios se créaient à travers la France et des émissions de variétés fleurissaient sur les locales de France 3. Autant dire, un terreau fertile pour l’émergence de nouveaux talents. j’avais donc concentré mes efforts sur la province. Par la suite, le bouche-à-oreille aidant, des producteurs, puis des labels indépendants et enfin des « Majors » sont venus me solliciter et cette activité a définitivement pris le pas sur mon métier d’éditeur.
Au regard des artistes que tu as accompagnés, il semblerait que tu as fait de la diversité musicale, ton cheval de bataille.
J’ai certes fait preuve d’éclectisme, du Hard rock (Metallica, Poison) au Rock (Neil Young, Tom Petty), de la Variété Française (Pierre Perret, Thomas Fersen) à la World (Alpha Blondy, Touré Kunda), de l’Ambient (Adiemus, Era) au Jazz (Golden Gate Quartet, Diana Krall), de la Variété Internationale (Stevie Wonder, Chris De Burgh) à la Country Music (Steve Earle, Reba McEntire), du Classique (Vanessa Mae, Anne-Sophie Mutter) aux Bandes Originales de Films (Gladiator, Braveheart), mais cela relevait plus du hasard des rencontres que d’un véritable choix.
L’année 2010 marque un tournant dans ta carrière. Tu quittes la musique et recentres tes activités sur l’évènementiel. En même temps, tu deviens le secrétaire général du Club audiovisuel de Paris (aujourd’hui Club de l’Audiovisuel), organisateur de la Cérémonie des Lauriers de l’Audiovisuel. Qu’est-ce qui constitue l’ADN de cet évènement qui a fêté en 2020 ses 25 ans?
Les Lauriers de l’Audiovisuel dessinent depuis leur création une exigence, celle de la qualité. En 25 ans, ils ont ainsi récompensé une production riche, diversifiée, affranchie de la tyrannie de l’audience, attentive aux enjeux politiques et sociétaux. Des œuvres qui métissent les géographies, les expériences, mais partagent le devoir d’informer et de transmettre. Des créations qui contribuent à faire de l’audiovisuel un bien public, un mode d’accès à la cité. Un lieu de savoir et d’interprétation, alors que la marche du monde se fait toujours plus complexe. Enfin, à l’image des Molières ou des Césars, les Lauriers de l’Audiovisuel sont attribués par un jury de professionnels reconnus et de personnalités qui contribuent au rayonnement de la production audiovisuelle française. Sous le haut parrainage du Ministère de la Culture, la cérémonie est captée et diffusée en direct sur LCI.fr ainsi que sur le site du Club de l’Audiovisuel.
Parmi les évènements dont tu as la charge, l’un d’eux te tient-il plus particulièrement à cœur ?
Quand la passion rejoint le travail, les contraintes comme par magie disparaissent. De même que j’ai eu la chance plus jeune de travailler dans le monde de la musique, j’ai aujourd’hui la chance de travailler dans le monde de l’audiovisuel, mais également pour celui de l’écriture, plus précisément des instruments d’écriture. Ecrire avec un stylo plume a toujours été pour moi un vrai plaisir : le frôlement du papier, le bruit de la plume sur la feuille, la possibilité de choisir son encre… J’ai quelque part l’impression de replonger dans mon enfance. Tout à la fois symbole de l’activité la plus élevée – la pensée – et de la personnalité la plus spécifique – le style, les instruments d’écriture sont pour moi des objets de désir. D’autant plus que, face à la progression de l’outil informatique, ils ont su retrouver leurs lettres de noblesse en se parant des plus beaux atours : bois nobles, métaux précieux, matériaux high-tech. Aussi quand Jean-Claude Arrata, président des Trophées internationaux du stylographe, m’a proposé en 2010 de prendre en charge les relations publiques de cet évènement, j’étais, je dois bien l’avouer, sur un petit nuage… et, aussi incroyable que cela puisse l’être, je n’en suis toujours pas descendu.!
La chance, le hasard, semblent selon toi, tenir un rôle important dans ta réussite.
Bien que nécessaires, le talent et le travail ne suffisent pas pour réussir. Il faut également de la chance. Le reconnaître c’est accepter que tout ne soit pas explicable, accepter une certaine dose d’incertitude, de non-maîtrise, donc d’angoisse. J’aime à penser que le hasard n’est en fait que notre incapacité à comprendre un degré d’ordre supérieur.
Tu es croyant ?
À vrai dire, je me considère plus comme un cherchant que comme un croyant.
Je sais que la transmission, l’engagement sociétal et humanitaire font partie intégrante de ta démarche. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Transmettre est une nécessité doublée d’un devoir. Tout change, évolue, se transforme. Cette mutation constitue, pour le champ de l’art et de la culture, comme pour celui de l’éducation, à la fois une chance et une crainte. C’est une chance pour l’émergence d’un monde nouveau, ouvert à toutes les créations et aux inventions du possible, à tous les métissages de formes, à la diversité culturelle si longtemps revendiquée. Mais c’est aussi la crainte de voir exploser les valeurs et les codes sociaux qui fondent notre vivre ensemble. La culture n’est pas seulement « matière », mais « histoires » et « racines » à transmettre. L’art, quant à lui, est un formidable outil de formation de l’esprit (observation, analyse, déduction, synthèse, expression, éveil du sens critique-mémorisation) et de socialisation (tolérance, capacité à capter la beauté de ce qui nous entoure, équilibre, ressourcement et Bonheur !). Depuis deux ans je collabore à la communication de la fondation Audiens générations qui soutient et encourage des démarches solidaires du monde culturel. Celles-ci peuvent s’exprimer par la transmission d’un savoir, la diffusion de spectacles ou de manifestations artistiques auprès de publics dits « empêchés ou fragilisés », la préservation d’un patrimoine. Cette fondation créée par Patrick Bézier, prolonge naturellement les initiatives sociétales d’un groupe qui place la solidarité et la diversité au cœur de son projet d’entreprise.