Jiang Shanqing
Sur les rives de l’art
C’est en compagnie de mon ami l’éditeur Alin Avila, que j’ai rencontré ce grand artiste aux multiples talents, dans son incroyable atelier parisien, dont l’architecture extérieure n’est pas sans rappeler la Cité Interdite de Pékin. Entourés de nombreux amis, nous avons été conviés à tutoyer les nuages.
Récemment, et pour mon grand plaisir, maître Jiang a accepté pour Saisons de Culture de répondre à mes nombreuses questions.
À l’âge de dix ans, c’est décidé, il veut être écrivain. Il se met alors en quête d’un maître polyvalent, afin de s’initier sans perdre de temps au plus grand nombre de disciplines artistiques.
Plus tard, dès l’âge de dix neuf ans, il trouvera sur sa route Qian Juntao, très considéré dans l’exigeante technique de la gravure de sceaux, poète et également musicien. Très vite, jeune Jiang publie dans les journaux, des œuvres relatives à la gravure du sceau.
À partir de 1980, plongeant en immersion dans tous les univers de ce maître lettré, il se rend en sa compagnie dans le sud du pays, à la rencontre d’autres peintres, dont il utilisera les divers outils pendant la pause.
En 2010, sa curiosité intellectuelle et son goût pour nos grands millésimes, l’amènent à découvrir la Bourgogne, où il rencontre un patrimoine vinicole qui le convaincra de partager son temps entre la France et la Chine. Il ajoute avec humour, que chaque fois qu’il déguste un bon vin, son pouvoir de créativité s’amplifie. Depuis ces trois dernières années passées en partie en France, il conserve les précieux flacons vides, pour réaliser un jour une installation.
En France, sa peinture se nourrit de couleurs. Ce sont me confie -il ; les couleurs de mon ressenti émotionnel. Contrairement à certains de ses compatriotes, il s’adapte aux changements en toute liberté. Sa famille vit à Shanghai, mais en Chine, sa carrière est à Pékin.
Inclassable, il n’appartient à aucun mouvement, mais il est issu de ces grandes traditions, qui fixent les bases d’un travail sérieux.
Il évolue entre les rives des deux âges, de la main à l’esprit en créant un espace très particulier où le souffle se confond à la trame d’un univers conçu d’idéogrammes immergés et d’une géométrie poétiquement exprimée. Il rompt sans cesse la limite tracée dans des paysages intérieurs, avec un mélange de traditions et de contemporanéité.
Alin Avila écrit : c’est la position fragile de l’homme en face du monde que désigne Jiang Shanqing. Quand son geste devient plus nerveux, on devine la colère de la nature.
Encouragé depuis toujours par son maître de quatre -vingt- neuf ans, qui a écrit un commentaire élogieux sur son travail publié dans le journal de Macao, Jiang Shanqing, désormais considéré comme maître incontesté de la gravure de sceaux, rédige actuellement un livre sur la discipline philosophique de l’encre de Chine. Le but étant de situer la technique de l’encre de Chine dans la période actuelle.
Un autre projet d’édition est en cours de publication, qui rend compte de sa vie au quotidien, entre la Chine et la France.
Une importante exposition sur le thème de la calligraphie contemporaine est en projet pour le printemps 2019. Saisons de Culture ne manquera pas de relayer l’information.
Mylène Vignon
Le 15 octobre 2018