Mady Mesple au Panthéon de Saisons de Culture
Par Brigitte Finucci
La voix de Mady Mesple s’est tue à tout jamais. Mady est partie. Elle s’est envolée, légère comme l’élégance. Sa voix restera inoubliable
Connue pour sa voix de soprano colorature et pour ses concerts dans les opéras français et étrangers depuis les années 1950, Mady Mesple s’est produite dans les plus grandes salles du monde. C’est une étoile appartenant à l’âge d’or de l’opéra français qui disparaît.
Elle était une cantatrice hors norme, une amie et une grande dame que j’ai eu l’honneur d’accompagner à plusieurs reprises, à l’Elysée auprès de Nicolas Sarkozy, à Toulouse auprès de Jean Luc Moudenc avec entre autres Georges Prêtre …lors de la remise de ses distinctions Ordre du Mérite – Légion d’Honneur, ses anniversaires,
Dotée d’une perfection vocale, Mady a mélangé les genres avec élégance, sous la direction des plus grands (Georges Prêtre, Pierre Dervaux, Bernard Haitink, Alain Lombard ou en collaboration avec de grands metteurs en scène, Patrice Chéreau, Franco Zeffirelli).
Elle fut l’une des plus grande chanteuses lyrique françaises, avec ses performances dans Lakmé, Lucia di Mammermoor, La Reine de la nuit, la Flûte enchantée ou encore les Contes d’Hoffmann.
Elle excellait par la pureté du timbre de sa voix à laquelle s’ajoutait une justesse de l’intonation et une facilité de l’aigu. Elle savait interpréter, avec justesse et sensibilité.
Elle aura contribué à faire rayonner notre culture sur les scènes du monde entier. Le nom de Mady Mesple reste également irrémédiablement lié à la modernité et à aux créations de ses contemporains. Chéreau, Jolas, Boulez pour lequel elle a interprété l’Echelle de Jacob de Schoenberg. Elle a osé défendre autant la création contemporaine que le récital, sans oublier ses apparitions à la télévision destinées à rapprocher le spectateur lambda d’un répertoire lyrique jugé hermétique. Une musique qu’elle ne jugeait pas plus difficile, mais nécessitant beaucoup de travail : Au départ il faut être très musicien, avoir beaucoup d’oreille… J’ai beaucoup travaillé, je crois que j’entends bien, j’ai fait assez d’harmonie… Mon Dieu, j’ai souvent été perdue, ne sachant plus ce que je chantais ! .
Alain Lanceron la décrit comme une beauté renversante. Son hyper-sensibilité rendait son jeu très moderne, se rappelle Alain Lanceron. Lorsqu’elle mourait sur scène, elle se transformait en une sorte de petite bougie qui s’éteignait. C’était très touchant. Elle avait l’oreille absolue et déchiffrait aisément les partitions. Son approche de la musique était d’ailleurs très stricte .
Ces dernières années, Mady avait décidé de transmettre son Art à des élèves qui saluent eux aussi sa simplicité et sa gentillesse.
En dehors du spectacle, nous découvrions une personne accessible, pleine d’humour et d’une très grande modestie.
A l’occasion de sa remise de la légion d’honneur à l’Elysée nous sommes allés diner ensemble avec quelques amis en toute intimité et, bien sûr, nous avons évoqué le devenir des Moments Classiques de Janvry, festival de musique classique que nous avions lancé en 2008 avec Christian Schoettl, maire du célèbre village essonnien Janvry,
C’est là que Mady nous a fait l’honneur d’en prendre la présidence d’honneur.
La voix de Mady Mesple continuera de résonner dans les murs de la Petite Ferme de Janvry, qu’elle a tant aimé lors de sa venue pour l’édition 2014 de notre festival de musique de Janvry.
Au revoir Mady.